Europe: autopsie d’une social-démocratie à la dérive – Page 1 | Mediapart

Ce sont trois visages d'une social-démocratie mise à mal par la crise financière, qui cherche à se réinventer, partout en Europe. En Allemagne, les résultats de la consultation des 474 000 militants du SPD seront connus samedi, pour savoir s'ils acceptent la formation d'une grande coalition avec la CDU-CSU de la conservatrice Angela Merkel. En Italie, Matteo Renzi, le maire de Florence, est le grand vainqueur des primaires de la gauche italienne organisées en fin de semaine dernière, avec un programme encore flou, mais qui semble miser sur un nouveau rapprochement du Parti démocrate (PD) avec le centre.

Quant à l'Espagne, l'ex-patron du PSOE, José Luis Rodriguez Zapatero, vient de publier un livre dans lequel il regrette à demi-mots le tournant vers l'austérité qu'il a engagé, à partir de mai 2010: « Le dilemme a été de faire ce que jamais je ne pensais devoir faire: prendre des décisions, pour le bien du pays, qui allaient à l'encontre de mes convictions idéologiques. » A l'heure des politiques d'austérité anti-keynésiennes, tandis que la « troisième voie » vantée par Tony Blair a pris un sérieux coup de vieux, y a-t-il encore un avenir pour la social-démocratie sur le continent?

Dans un épais manuel rédigé en anglais qu'ils co-dirigent aux éditions Palgrave Macmillan, trois universitaires auscultent les évolutions – et les errances – de la social-démocratie au cours des années 2000, dans 27 des 28 Etats membres de l'Union. Jean-Michel De Waele (professeur de science politique à l'université libre de Bruxelles), Fabien Escalona (chercheur en science politique à l'IEP de Grenoble) et Mathieu Vieira (chercheur en science politique à l'IEP de Lille et à l'ULB) constatent en particulier le « désarroi idéologique » et le « vide stratégique » de ces partis de gouvernement, en Europe de l'Ouest, que la crise de 2008 a encore approfondi. La social-démocratie n'aurait plus « de modèle, d'originalité idéologique ou (…) d'électorat spécifique aisément identifiable », pour reprendre les termes d'un autre chercheur, Stefan Berger.

Assumant un parti pris comparatif et exhaustif (chaque pays a droit a son chapitre), à l'aide de nombreux tableaux compilant des données souvent inédites, les trois auteurs en arrivent à soutenir, notamment, une thèse stimulante, qui n'est pas sans écho avec l'hypothèse formulée dans le pamphlet dirigé par l'économiste Cédric Durand en début d'année (En finir avec l'Europe, La Fabrique): la social-démocratie aurait été piégée en acceptant de jouer le jeu de l'Europe

via www.mediapart.fr

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