C'est Libé qui l'affirme : "Les grands gagnants du crû 2010-2011 de l'absentéisme en commission parlementaire sont le député UMP Patrick Balkany, et les socialistes Arnaud Montebourg (qui à d'ores et déjà annoncé qu'il ne se représenterait pas) et Michel Delebarre. Comme l'an dernier, le collectif Regards citoyens publie une étude sur l'absentéisme des députés en regard des règles de l'Assemblée. Cela fait en effet deux ans que les absences sont sanctionnées. Enfin, un certain type d'absences: l'article 42 du règlement prévoie une retenue de salaire pour «chaque absence supplémentaire au delà de deux absences par mois dans sa commission permanente du mercredi matin». Cette retenue s'élève à 355 euros (soit 25 % de l'indemnité mensuelle de fonction d'un député, qui s'élève à 1420,03 €).", sans aucune mise en perspective.
Il faut dire que mettre sur une même ligne, M. Montebourg et M. Balkany, si opposés, permet d'avoir une belle accroche pour l'article. Sauf que M. Balkany est un élu de la majorité et que la majorité à l'assemblée nationale est responsable des projets de lois et des votes, alors que M. Montebourg est un élu d'opposition, et que les quelques projets de lois proposés par celle-ci ont été systématiquement rejetés par la majorité UMP. Autant dire qu'être élu d'opposition à l'assemblée nationale revient à voir passer les plats, sans avoir aucune influence possible. Or être élu "représentant du peuple français", c'est, lorsqu'il vous est interdit de participer à des choix politiques au sein même de l'Assemblée, en devoir d'être en relation avec ce "peuple", de le connaître, et ceci se fait en dehors de l'Assemblée Nationale. Certains sont très présents à l'Assemblée mais ils brillent par leur absence au sein même de cette présence : ils se contentent de voter ce qu'on leur demande de voter, ils mènent leur petite vie parisienne, et se désintéressent totalement de ce "peuple". Ce n'est pas le cas de M. Montebourg et de quelques autres. La simple lecture quantitative de "Regards Citoyens" laisse donc dans l'ombre les activités, la vie et les sentiments de ces élus qui dans l'opposition sont réduits à une présence passive, et qui en outre subissent une Constitution, inique, de la "5ème République", anti-démocratique, avec des droits et des pouvoirs réduits aux élus de l'Assemblée Nationale.
La réponse de M. Montebourg :
J’ai peu goûté, après quinze années d’engagement parlementaire, après avoir défendu toujours avec force le Parlement, sa vitalité, son nécessaire contre-pouvoir et y avoir occupé de nombreuses fonctions auxquelles je me suis consacré avec scrupule, de voir mon nom mêlé à celui de Patrick Balkany, dont le cynisme rivalise avec un sens pour le moins douteux de la probité.
En 14 années d’engagement parlementaire au service de la Nation, je crois avoir honorablement représenté, défendu et servi les citoyens de Saône et Loire qui m’ont accordé et renouvelé leur confiance.
Dans les différents classements intervenus dans les années précédentes, j’ai invariablement été reconnu pour mon travail parlementaire : 184ème des députés les plus actifs sur 577 députés, au 12 mai 2010 (total interventions : 71, interventions en séances : 53, interventions en commissions : 18, auteur proposition de loi : 1) 79ème au 15 avril 2009 (total interventions : 66, interventions en séances : 50, interventions en commissions : 16, auteur proposition de loi : 1, questions : 44).
Dans mon précédent mandat, (2002-2007) le classement d’ activité du journal l’Express me mettait en 63 ème position sur 577 députés, ce qui honorait déjà mes précédents états de service parlementaires.
Mes absences -tout à fait reconnues de ma part en réunion de commission- sur lesquelles je suis aujourd’hui grossièrement jugé, sont parfaitement explicables par mon entrée en campagne tôt, il y a presqu’un an, dans le cadre de la primaire citoyenne dont le scrutin se déroulera les 9 et 16 octobre prochains. Je sillonne la France, rencontre des milliers de français, écris et publie des propositions, m’exprime partout pour défendre des idées et convaincre les gens. Pendant ce temps, il est exact que je ne vais pas en commission signer comme à l’école des feuilles d’émargements et de pointage. Et je n ai pas l’intention de le faire davantage, encore moins avec l’hypocrisie de certains de mes collègues qui signent et s’en vont. Je paierai donc sans sourciller mes amendes, si amende il doit y avoir, comme j’ ai toujours scrupuleusement acquitté mes contraventions de stationnement… Deviendrais-je pour cela un mauvais parlementaire ? Je ne le crois pas.
Ce mandat qui s’achève en 2012 sera pour ce qui me concerne, le dernier, car j’ai annoncé il y a longtemps à mes fidèles électeurs, aux militants socialistes de mon département que je ne souhaitais pas me représenter, souhaitant me consacrer, si les Français le veulent, à mon pays et sinon à mon Département dont je suis devenu le président passionné. Les raisons en sont multiples : la principale est bien sur l’exigence du non cumul des mandats dont je suis resté un militant, et que mon parti a pris la décision, sous mon impulsion, de généraliser à tous ses parlementaires en 2012.
Mais la plus importante est dans l’abaissement destructeur que le pouvoir actuel a fait, contre mes convictions de républicain et de socialiste, du Parlement. Les députés y sont depuis la réforme constitutionnelle de 2008 réduits au rang de potiches décoratives, avec le seul droit de se taire, d’être, surtout s’ils sont de la majorité, dociles, sommés de se transformer en machines à voter, à soutenir ou ne pas trop critiquer les décisions du pouvoir. Il se trouve que j’étais l’orateur principal de l’opposition au Congres de Versailles qui répondit au Premier Ministre François Fillon, le jour où cette réforme de réduction du Parlement a été votée. Tout ce que j’avais déploré comme risque pour l’abaissement du Parlement s’est vérifié, tristement. Il s’est même trouvé quelques socialistes et radicaux pour voter et faire passer d’une seule petite voix cette très préjudiciable réforme.
Pour ceux qui préfèrent les classements d’écoliers à la compréhension de la situation grave dans laquelle se trouve la démocratie française, je voudrais leur faire comprendre ceci : ma rupture réelle, personnelle et profonde avec le système date de ce moment là. Si je suis trop absent de ce théâtre d’artifices qu’est devenu le Parlement, c’est parce que la bataille pour changer la République se tient ailleurs, dans la présidentielle, dans la primaire, dans laquelle j’espère pouvoir fonder avec les socialistes, les républicains et les Français courageux la VIe République, dotée d’un Parlement digne de ce nom.