Etats-Unis: une plongée dans l’ordinaire raciste de la police de Ferguson – Page 1 | Mediapart

New York, de notre correspondante.- Barack Obama ? « Il ne sera pas président longtemps car aucun Noir ne garde son emploi quatre ans », blaguent des officiers dans un courriel échangé sur leur boite mail professionnelle. Le président y sera plus tard décrit comme un chimpanzé. D’autres policiers de Ferguson font circuler une photo de femmes africaines qui dansent accompagnée de la légende, « La réunion de collège de Michelle Obama ». Ils échangent encore des blagues stéréotypant les Afro-américains comme des criminels en puissance vivant des aides de l’Etat. « Une Noire avorte et reçoit quelques semaines plus tard un chèque de 5000 dollars. Elle appelle l’hôpital pour savoir d’où vient le chèque. On lui répond : ‘CrimeStoppers’ (nom d’une organisation nationale de lutte contre le crime, ndlr). »

Les policiers blaguant ainsi ont-ils fait l’objet d’un quelconque rappel à l’ordre, de sanctions disciplinaires ? Aucunement. Leur hiérarchie s’est amusée avec eux. Ces emails ont été échangés par des officiers et leurs supérieurs, à la fois au commissariat de Ferguson et à la Cour de justice de la ville. Et il faut croire que ces agents de l’Etat ne voyaient pas trop où était le problème puisque ces emails font partis des dizaines de documents internes qu’ils ont fourni aux autorités fédérales, qui les décortiquèrent et les analysèrent pendant six mois.

Ces emails, on les découvre en effet dans le rapport d’enquête que vient de publier le département de la justice américain (DoJ) sur les pratiques de la police locale de Ferguson, ville de 21 000 habitants située dans le Missouri, au cœur des Etats-Unis. Un rapport nous offrant une plongée pour le moins effrayante dans le quotidien d’un commissariat local d’une ville de banlieue, une petite force de police composée de 54 officiers dont 50 hommes blancs. Les conclusions de cette enquête sont graves : elles dénoncent un ensemble de pratiques policières discriminatoires, abusives et illégales, ciblant avant tout les Afro-américains qui composent 67% de la population locale.

Ce travail a été entamé suite à l’affaire Mike Brown, à savoir la mort d’un jeune afro-américain non armé abattu par un officier de Ferguson, le 9 août 2014, puis la décision des autorités locales de ne pas poursuivre ce policier. Le tout, sur fond de manifestations et d’émeutes à Ferguson et dans le pays. Comme c’est souvent le cas, Washington déclencha alors son propre travail d’enquête, d’une part sur la mort de Mike Brown, d’autre part sur les pratiques policières de la ville. Mercredi, les deux rapports ont été rendus publics.

Hommage à Mike BrownHommage à Mike Brown © Reuters

Le premier, portant sur la mort de Mike Brown, aboutit aux mêmes conclusions que l’enquête locale de novembre dernier (mais il a le mérite de les rendre publiques) : les enquêteurs fédéraux estiment qu’il n’y a pas de preuves suffisantes pour inculper l’officier Darren Wilson. Les témoignages et expertises scientifiques accumulés montrent que celui-ci s’est défendu avec son arme alors qu’il était menacé par Mike Brown. Il est ici. 

Conscient que ces conclusions allaient déplaire et susciter éventuellement une nouvelle vague de m

via www.mediapart.fr

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