Etats-Unis et Daesh, même combat : le « droit divin aux armes » – à propos de « Armes à feu: les Etats-Unis sont dans l’impasse »

Médiapart a publié il y a quelques jours cet article, écrit par Iris Deroeux. Dans son article, la journaliste écrit justement : "Las, la larme à l’œil, Barack Obama annonçait mardi 5 janvier 2016 une série de mesures censées rendre l’accès aux armes à feu et leur circulation aux États-Unis un peu plus difficiles. Un plan modeste, extrêmement modeste, de l’aveu même d’un président n’ayant d’autre choix que d’agir par voie réglementaire. Sur la question du contrôle des armes à feu, le Congrès n’avance pas, une majorité d’élus – républicains, mais aussi des démocrates – s’opposent à toute révision du cadre législatif. Rien ne bouge, ou presque. La quantité d’armes en circulation aux États-Unis et la violence ainsi engendrée battent des records depuis des années. Le nombre d’armes à feu en circulation est aujourd’hui estimé à 300 millions, deux fois plus qu’en 1968, ce qui équivaut à quasiment une arme par Américain. Mais elles se concentrent en fait entre les mains de 34 à 43 % des foyers, selon les études du Pew Research Center et de la General Social Survey indiquant aussi une grande disparité entre les États. Moins de 6 % des foyers possèdent une arme dans le petit État urbain du Delaware au nord-est, contre plus de 50 % des foyers dans l’État rural du Wyoming ou dans l’Arkansas, dans le sud. Quant au nombre de morts par balles, une étude de l’ONU datant de 2007 fait encore référence car elle permet de mettre les États-Unis en perspective : le taux d’homicides par armes à feu y est six fois supérieur au Canada, seize fois supérieur à l'Allemagne et 49 fois supérieur à la France. Le pays se distingue encore par le nombre de fusillades de masse. On en recense au moins une vingtaine depuis l’élection de Barack Obama, comme celle de l’école de Sandy Hook dans le Connecticut, faisant 26 morts dont 20 enfants en 2012. Il y a eu encore l’attaque d’une église de Charleston en juin 2015 faisant neuf morts, puis la fusillade sur un campus de l’Oregon en octobre faisant dix morts." La causalité directe et spécifique des Etats-Unis dans la violence mondiale est de mieux en mieux connue, mais tant pour des citoyens américains raisonnables que pour des citoyens américains qui se sentent en danger et voudraient agir contre ces causes et risques, il y a un sentiment d'impuissance face à ce principe "armé" dans l'économie et le droit américains. Aux Etats-Unis, les chantres de ce "droit divin" de disposer, pour tout individu qui le veut, quand et comme il veut, des armes de son choix, font référence à la Constitution américaine, à l'instar de ce que font les djihadistes avec le Coran ou la Charia : un texte incontestable, gravé dans le marbre, dirait que, quel que soit le temps, quel que soit le lieu, quelles que soient les conditions d'existence, ce droit divin existe et ne peut être contesté par quiconque, ou que, alors, celui qui le conteste, précisément, peut en être victime. Pourtant, la Constitution américaine ne parle pas de ce droit, puisque c'est "seulement" un "amendement" à cette Constitution, qui explicite ce droit, et ce dans un cadre d'une action collective, la "milice". C'est seulement en référence au fait qu'il soit nécessaire qu'une milice assure la sécurité collective que les citoyens ont le droit d'avoir et de porter des armes – dans la milice et seulement. L'amendement ne parle pas d'un droit individuel, dans un cadre individuel, puisque, au contraire, c'est à la "milice" d'assurer cette sécurité. On constate dès lors que ce que nous entendons si souvent sur "le droit sacré" des citoyens américains d'avoir des armes, au nom d'une constitutionnalité de ce droit, est l'oeuvre d'une propagande mensongère. Les auteurs de la Constitution et des premiers amendements n'ont donc pas souhaité permettre à leur "nouvelle nation" de devenir une nation où chacun serait armé, mais où tous serait en sécurité – or, la détention individualisée des armes détruit les conditions de cette sécurité collective. Et depuis l'époque de la création des Etats-Unis où seules les "milices" pouvaient, aux yeux des Constituants qui en étaient eux-mêmes membres, assurer cette "sécurité", celle-ci a vu l'apparition de "professionnels" chargés de cet objet – même si, de la part de ceux-ci, un usage également irraisonné et souvent de motivation raciste, provoque là aussi trop de victimes et de morts. Ce qui semble évident à un "Français raisonnable" ne le serait pas aux yeux des Américains eux-mêmes ? Il faut dire qu'ils sont confrontés à cette propagande pro-armes de toutes les manières possibles, que ce soit par des publicités ou par le port d'armes réel, concret, observable par tous, que ce soit par des citoyens assermentés ou par des citoyens qui prétendent en avoir ce droit absolu. Malgré tout, des citoyens américains se rassemblent et agissent contre ces conditions/causes de tant de crimes et de morts. Et ils ont en fait la Constitution et les amendements avec eux ! comme à l'inverse, le Coran ne permet pas un usage tous azimuts par des drogués du crime. Mais ici et là, ces passionnés d'armes ont besoin de faire référence à un pseudo "droit divin", puisqu'ils ne peuvent pas s'appuyer sur un droit humain raisonnable pour cela. C'est dire à quel point ces passionnés et leur "logique" ne se portent pas bien, à tous les sens du terme. Ils n'ont pas de soutiens, sérieux. Mais s'ils prospèrent, économiquement ou militairement, c'est parce que leurs opposants, prétendus ou réels, se… "désarment" trop facilement. Car il faut bien voir qu'il s'agit de s'armer contre les armes, c'est-à-dire de s'outiller pour qu'un outil potentiellement très dangereux ne se multiplie pas et ne favorise, outre des crimes volontaires, des victimes, des morts, "involontaires", comme dans les célèbres cas où un jeune enfant en tue un autre, "en jouant". Si les archaïques répètent leurs archaïsmes, pourquoi leurs "opposants" sont si peu audibles ET argumentés, efficaces ? Pourquoi l'objectif d'un monde infiniment moins violent est si peu énoncé et rassembleur ? Pourquoi ce qui est défendu pour différents types de "sécurité", comme pour la circulation routière, ne l'est pas dans un sens général ? Pourquoi "la sécurité" est-elle si réduite et instrumentalisée par ses réducteurs, et du coup, abandonnés par celles et ceux qui devraient en faire un slogan et un objectif ? Avec l'absence de pensée sociale et politique active, comme avec la construction d'une habit
ude mentale aux codes représentés et signifiés de la violence tous azimuts, notamment avec "le cinéma américain", nous permettons à des sanguinaires de croire, penser, prétendre, que le monde est bien le champ libre de leurs caprices chaotiques, qu'ils peuvent aller ici et là, et tuer. Et, que ce soit aux Etats-Unis comme dans ces territoires abandonnés, le candidat tueur et le tueur devenu apprennent que, selon les "autorités" qu'ils se reconnaissent, ils ont donc le droit d'être des tueurs… en série. Puisque les fous prospèrent, il serait temps que "le dormeur" qui "doit se réveiller" le fasse, et que, aux Etats-Unis, des courageux reconnaissent et disent qu'il va falloir faire évoluer la Constitution. Puisqu'il ne faut pas compter sur les "talibans djihadistes" américains, les "Conservateurs", est-ce que Bernie Sanders est actuellement le seul candidat qui pourrait et pourra porter un tel projet ? Et le voudra t-il ?

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Deuxième amendement

"Une milice bien organisée étant nécessaire à la sécurité d'un État libre, le droit qu'a le peuple de détenir et de porter des armes ne sera pas transgressé."

 

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