Alors que Jérôme Kerviel demande ce lundi une révision de son procès, est publié un enregistrement d’une magistrate qui dénonce une enquête sous pression, bien trop favorable à la Société Générale.Mediapart et 20 Minutes publient des extraits d’un enregistrement d’une magistrate, dans lesquels il est clairement fait mention que l’enquête concernant la Société Générale dans l’affaire Kerviel a été « manipulée ». Dans ces documents, la magistrate Chantal de Leiris discute avec Nathalie Le Roy, la policière de la Brigade financière qui avait été en charge de l'enquête et a elle-même exprimé ses doutes sur le dossier, et qui l'a enregistrée à son insu lors d'une conversation en juin 2015. "Quand vous en parlez, tous les gens qui sont un peu dans la finance, ils rigolent, sachant très bien que la Société générale savait. (…) La Société générale savait, savait, c'est évident, évident", avance la magistrate. Concédant avoir "toujours obéi", alors qu'"ils savent bien que je n'étais pas favorable à tout ça", Chantal de Leiris met en cause sa hiérarchie. "C'est surtout Michel Maes (chef de la section financière au parquet à l'époque, ndlr). Sans arrêt, il me disait : +tu vas pas mettre en défaut, en porte-à-faux, la Société générale. Ca a été jugé, t'as pas à y revenir+. C'est eux qui ont voulu à tout prix sabrer (les plaintes). (…) Mais c'est vrai ce que vous dites : vous avez été entièrement manipulée par la Société générale", dit-elle à son interlocutrice. Et d'ajouter: "Maes, c'est les avocats de la Société générale".
Des révélations qui arrivent à point nommé pour Jérôme Kerviel: à la veille d'une audience où l'ex-trader demandera la révision de son procès. Il avait été condamné en première instance, puis en appel, à cinq ans de prison dont trois ferme pour abus de confiance, une peine confirmée par la Cour de cassation en avril 2014. L'ancien trader a toujours refusé de porter le chapeau seul, accusant son employeur d'avoir connu ses agissements et de les avoir couverts. Il avait obtenu une première victoire quand la Cour de cassation avait rejeté la somme de 4,9 milliards d'euros de dommages-intérêts réclamée par la banque, lui reprochant d'avoir failli dans ses mécanismes de contrôle.
Il avait aussi porté plainte, en pointant une enquête menée pour protéger la Société générale. Une thèse désormais renforcée par les propos d'une ancienne vice-procureure du parquet de Paris, qui a suivi l'enquête.Dans
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