Pour l'heure, d'après le sondage Alco, l'abstention atteindrait 15% et les indécis, près de 10%. Un réservoir d'électeurs qui pourrait venir grossir les rangs du KKE, le parti communiste, troisième force politique du Parlement (21 députés), ou ceux de la Coalition de gauche radicale, Syriza, qui recueille autour de 4% des intentions de vote.
Mais s'il veut sortir gagnant de cet éclatement du vote populaire grec, Syriza doit d'abord démêler ses propres ambiguïtés: le parti, très hétérogène, voit ses composantes discuter actuellement avec toute la gauche de l'échiquier politique, du PASOK à Antarsya – une formation proche du NPA français, très présente dans les manifestations grecques mais sans siège au Parlement.
Le discours de Syriza sur l'Europe, notamment, manque de cohérence: certaines tendances prônent la sortie de l'euro, tandis que le KKE, lui, s'est adouci sur ce sujet et semble ne plus remettre en cause l'intégration européenne. Mais le parti communiste reste arc-bouté sur son principe de ne s'allier avec personne, une stratégie préjudiciable à la formation d'une gauche alternative de poids.
Le paysage politique grec, en fin de compte, est en pleine recomposition, alors que le pays était un modèle de stabilité politique en Europe depuis la fin des années 1970. Un équilibre dans lequel on votait traditionnellement plus à gauche qu'à droite, y compris dans les périodes d'alternance: l'adition des votes PASOK, KKE et gauche radicale a toujours dépassé les 50%. Mais la Grèce est aussi un pays où la politique fiscale, l'un des ressorts de la redistribution sociale, si centrale dans la pensée de gauche, a échoué à collecter l'impôt, massivement, et équitablement. La gauche grecque ne rebondira pas sans résoudre cette contradiction.
via www.mediapart.fr