Aujourd'hui, 467 millions d'euros de ces deux à trois milliards sont effectivement détectés (et en grande partie récupérés). Il serait évidemment souhaitable de faire mieux, d'éviter les tricheries supposées qui résultent en fait de bugs administratifs, de généraliser les contrôles, de démanteler les fraudes en bande organisée. Tout comme il serait sans doute opportun de faire le ménage dans les fraudes à l'assurance-maladie commises par les médecins, les hôpitaux, les ambulanciers ou les cliniques. «Les clientèles traditionnelles de la droite», susurre un haut fonctionnaire de Bercy.
Mais en réalité, l'essentiel de la fraude sociale est lié au travail au noir. Les cotisations sociales patronales et salariales non versées sont évaluées entre 8 et 16 milliards d'euros par an. «La pratique est courante, pour ne pas dire banalisée, dans certains secteurs de l'économie», estime Dominique Tian. «Entre 10% et 12% d'entreprises sont en infraction et entre 5% et 7% de salariés ne sont pas déclarés», explique le député.
«C'est au minimum quatre fois plus que les fraudes aux prestations, et c'est là que se trouvent les principaux gisements», estime le député PS Jean Mallot, coprésident de la Mission d'évaluation de la sécurité sociale. Pourtant, de cette fraude-là, il est beaucoup moins question. L'air du temps, sans doute.
via www.mediapart.fr