Salaire annuel à Vogue : 200 000 euros par an.
La grande fille toute simple vient au bureau dans sa petite auto, une Alfa Roméo. Avec son mari, le directeur artistique Franck Durand (Isabelle Marant, notamment), elle vit à l’ouest. Parisienne du Trocadéro qui ne boit que de l’eau, elle est une grande maman à enfants petits. Antonin qui change d’école comme de baskets et Françoise, écolière aux Oiseaux, Françoise comme Françoise Sagan, Françoise Dolto, Françoise Giroud, Françoise Dorléac, Françoise Hardy, que des Françoise formidables, toutes héroïnes d’Emmanuelle. «Françoise, ça m’évoque une femme rebelle, brillante, très française, c’est le prénom de ma mère», dit Alt dans un staccato clair à la Catherine Deneuve.
Emmanuelle, alter ego parfait. «Une gentille, une vraie gentille», disent ses copines. Comment devient-on une Emmanuelle Alt.com ? D’abord, lire Elle dans le ventre de sa mère, mannequin-cabine chez Lanvin et Nina Ricci. «Magnifique, sa mère : élégante et simple, note son amie, l’architecte d’intérieur Sarah Lavoine. Aussi grande qu’Emmanuelle.» 177 centimètres plus dix centimètres d’échasses siglées, indispensables sur les fonds sablonneux de la mode.
Ensuite, élire un père extraordinaire. Sous le pseudonyme de Diego Altez, Paul Alt déshabille Lola Stromboli, un mètre dix de tour de poitrine. Frère d’armes de Lucien Ginsburg, il lui donne des leçons de glamour et dépose avec lui ses premières chansons à la Sacem : J’ai le corps damné par l’amour, Caravane dans le désert, J’ai goûté à tes lèvres. Paul Alt a publié J’ai déshabillé 10 000 femmes (confessions d’un professeur de strip-tease) à la Pensée moderne en 1976. Paul en a déshabillé 10 000, Emmanuelle les rhabille (très peu).
Enfin, faire germer la pousse avec amour dans les beaux quartiers. «Marginal, mon père travaillait la nuit, et pourtant mon enfance dans le XVIe arrondissement a été tout ce qu’il y a de plus stable.» Emmanuelle Alt a fait ses classes à Lübeck, le Coetquidan de la fashion qui a formé Camille Micelli, Victoire de Castellane, Vanessa Seward, Caroline Deroche, Cécilia Attias-Sarkozy. «Au volant de sa Coccinelle, Emmanuelle nous impressionnait, dit Mathilde Meyer. Déjà, elle était dans le vent.» Faute d’être une bourge de souche, Emmanuelle en imposait par la grâce rêveuse de son Altitude. Qui a survécu aux punaises de Lübeck est immunisé contre la cruauté sociale. En mode comme ailleurs, la bourgeoisie se perpétue et se renforce par cannibalisation transgénique.
Grâce aux petites sœurs de l’Assomption, Emmanuelle
Quelle plume, que celle de cette journaliste, sur un apparemment petit sujet, mais rien moins que sur une certaine reproduction ! La place par (l’altitude) x (le 0%)!
Ravie et étonnée de découvrir votre site où je reviendrai explorer, le foisonnement, la variété, l’acidité
Bonjour, et merci pour elle, et moi. Puisque vous le dites, j’attends donc de vous lire à nouveau avec des commentaires qui me feront comprendre si nous nous comprenons…