Messieurs,
Dans la rubrique « Désintox » de votre journal en date du 6 avril 2011, Cédric Mathiot croit pouvoir prétendre que je me trompe avec les milliards et titre ainsi son article « Montebourg se noie dans les milliards ». Il invoque l'erreur que j'aurais commise concernant l’annonce de Joaquin Almunia du maximum d’aides autorisées de 4589 Mds d’euros qui ne sont pas des plans dépensés d’un point de vue comptable. La crise bancaire n’aurait réellement coûté « que » 130 milliards aux contribuables.
Cette présentation simplifiée, sans doute adaptée à la rubrique « Désintox », appelle de ma part les précisions suivantes, au titre du droit de réponse que je souhaite exercer et que je vous remercie de bien vouloir porter à la connaissance des lecteurs de vos éditions « papier » et Internet.
Qu’est-ce qui est vrai ? Qu’est-ce qui est faux ?
Il est évidemment exact que les Etats européens n’ont pas constaté des dépenses budgétaires de 4589 Mds d’euros. Si c’était le cas, il n’y aurait plus d’Union européenne pas plus sans doute que de monnaie unique. En tous cas il n’y aurait certainement plus de banques. Les dépenses budgétaires s’élèvent environ à 130 Mds comme le précise votre article.
Est-il pour autant permis de dire que la crise n’a coûté à la France que 130 Mds €, comme le fait Cédric Mathiot ? Ou même se demander si, remboursements et intérêts compris, la crise n’aurait pas rapporté à la France ? La réponse est négative. Pour comprendre l’ampleur du coût occasionné pour les banques en France, il faut voir au delà de la pure comptabilité. Il faut considérer que l’incertitude dans laquelle les banques ont plongée l’économie mondiale et l’économie française a eu et continue d’avoir un coût massif sous forme d’effets collatéraux non chiffrés. L’un de ces effets collatéraux est aujourd’hui la crise de solvabilité et la spéculation contre la dette des Etats de l’Union européenne : cette autre crise va mobiliser de nouveaux milliards pour stabiliser la situation.
Les garanties accordées par l’Etat ont soulagé les marchés car elles représentaient un risque majeur pour l’Etat.
Revenons en arrière. En réaction au risque systémique créé lors de la crise financière de 2008, les États ont dû intervenir parfois en prenant des participations directes dans les banques (Dexia), parfois en participant aux fonds propres. Au delà, les Etats ont également apporté leur garantie, c’est-à-dire qu’ils se sont constitués contrepartie, des banques : le plafond total des aides et des garanties autorisées s’élève bien à 4589 milliards. Ce chiffre a été intégré par les marchés, il leur fournit une garantie. Les aides totales s’élèvent réellement à 351 Mds d’euros, garanties incluses. Cela signifie que si les banques avaient fait défaut (mais elle ne l’ont pas fait), le Trésor aurait dû payer. La France a supporté le risque à la place des banques et des traders. Si ce mécanisme était purement virtuel comme semble l’indiquer votre article, les marchés n’auraient pas été si rassurés.
L’octroi de garanties sous forme d’argent virtuel a eu un important coût d’opportunité pour l’économie française.
Alors, de quelle manière cet argent virtuel, engagé sous forme de garantie mais non décaissé, a-t-il coûté à la France ? Les garanties proposées aux banques ont conduit les Etats à une crise de liquidité temporaire directement liée à l’incertitude pesant sur l’utilisation des garanties étatiques offertes. C’est l’époque des stress tests où les Etats ne savent pas combien vont leur coûter cette crise et dès lors sont obligés de mobiliser et d’immobiliser les garanties proposées. Dès lors, ils n’ont plus aucune ressource pour “ le
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