Il y a manifestement des milliards qui valent moins que d’autres. Tandis que l’État, la Cour des comptes, le patronat s’émeuvent du moindre dérapage des dépenses sociales, que les budgets pour la santé, l’éducation, la justice ou la défense sont réduits à la portion congrue, c’est sans difficulté apparente que les finances publiques signent pour voler au secours du système financier. Jeudi, le ministère des finances a ainsi annoncé que l’État français allait participer aux côtés de la Belgique à une nouvelle recapitalisation de Dexia, en faillite depuis 2008, à hauteur de 5,5 milliards d’euros. Les deux États se sont engagés à souscrire dès que possible à cette augmentation de capital réservée, sous forme d’actions préférentielles. Mais à ce stade, il n’est pas sûr que celles-ci soient assorties de droit de vote. Une question d’habitude dans les sauvetages bancaires.
Pour la France, cette nouvelle recapitalisation de la banque va représenter une dépense de 2,58 milliards d’euros, selon les nouvelles règles de répartition discutées cet été avec la Belgique. « Cette dépense n’était pas du tout prévue dans la loi de finances de 2013. Comment allons-nous financer cette somme ? Pour l’instant, je n’en sais rien », dit Philippe Marini, président de la commission des finances du Sénat. Dans quelle dépense va-t-on couper pour trouver les ressources nécessaires et ne pas alourdir le déficit budgétaire, qui doit revenir sous la fameuse barre des 3 %, comme le gouvernement s’y est engagé auprès de la Commission européenne ? La France obtiendra-t-elle de Bruxelles de pouvoir traiter cette charge exceptionnelle en hors bilan ? Interrogé, le ministère des finances n’a pas retourné nos appels.
Pourtant, Dexia devient une vraie menace pour les finances publiques. Comme beaucoup le redoutaient, ce dossier bancaire est en train de devenir un puits sans fond. En octobre 2008, la banque avait déjà dû être recapitalisée en urgence pour éviter l’effondrement. Il en avait coûté 3 milliards d’euros à l’État français. En novembre 2011, celui-ci s’est engagé à reprendre la structure de financement des collectivités locales, l’ex-Crédit local de France, de conduire l’extinction de son portefeuille et de rebâtir une banque spécialisée dans le financement des collectivités locales avec l’aide de la Caisse des dépôts et de La Banque postale. La structure n’a toujours pas été créée. Mais les engagements pris par l’État et non remis en cause pour l’instant sont de l’ordre de 40 milliards d’euros, un montant représentant deux fois les garanties prises lors de la faillite du Crédit lyonnais. Le règlement des 7 milliards d’euros de prêts toxiques souscrits par les collectivités locales n’était pas inclus dans cette enveloppe. À cela vient s’ajouter désormais la nouvelle recapitalisation de 2,6 milliards, assortis de 38,75 milliards d’euros de garanties pour la France.
Les montants en jeu donnent le vertige. À ce stade,
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