Des civils, face aux gens d’armes, policiers, soldats, guerriers, criminels

Qu’est-ce que vaut la vie d’un civil dans ce monde ? Par la Seconde Guerre Mondiale, les guerriers et les clercs, les deux "castes supérieures" de la trinité politique et sociale indo-européenne ont mené une guerre d’extermination des civils, qu’ils ont, provisoirement, perdu. Mais depuis les civils restent les proies faciles de ces chasseurs de tête, qu’ils soient les serviteurs de Ben Laden ou les généraux birmans. En France, les civils ont des droits, mais ils sont fragiles et surtout ils sont réduits face "aux représentants de la loi et de l’ordre". Alors que l’Etat n’est qu’une émanation de la société civile, ses représentants vivent, pensent et agissent comme s’ils étaient au-dessus des citoyens qui, comparables à des enfants ou à des ouailles perdus, doivent être toujours, rappelés à l’ordre, sermonnés, surveillés, et si nécessaire, frappés. Jean-Jacques Reboux, fondateur de la maison d’édition Après La Lune, a publié il y a quelques mois un ouvrage, "Lettre ouverte à Nicolas Sarkozy, ministre des libertés policières". Même si le sieur sus-nommé est devenu le chef de l’Etat, il n’a pas perdu son autorité sur les forces de police, mais les a, au contraire, augmenté. Et ses droits constitutionnels sont devenus plus grands encore, alors…

AL
: Vous publiez une «Lettre
ouverte à Nicolas Sarkozy, le cri d’alarme d’un citoyen
».
Vous racontez le traitement que vous ont fait subir des policiers qui
vous ont traité comme un bandit dangereux. Aujourd’hui,
comment allez-vous ? Et que ressentez-vous lorsque vous vous trouvez
en présence de policiers, ou d’«agents de l’ordre»
?

JJR
: Ça va. Mais c’est vrai que les premières semaines
après mon arrestation, j’avais la trouille quand je croisais
des uniformes… Sans parler de la douleur tenace au bras gauche, à
cause du menottage serré, ça marque… Récemment,
je suis allé à l’Inspection
Générale des Services
(la police des Polices) pour
déposer ma plainte auprès des deux policiers (pour
violences et abus de pouvoir) et je n’étais pas très
fier en entrant. La suite s’est très bien passée.

AL : Est-ce que ce
jour-là, vous avez eu simplement de la malchance, vous avez
rencontré la mauvaise personne au mauvais moment, ou
pensez-vous qu’il y a des conditions profondes et particulières
à ce qui vous est arrivé ?

JJR : J’ai eu la
malchance 1°) de passer au mauvais endroit au mauvais moment ;
2°) de rouler dans une bagnole pourrie (délit de sale
caisse) ; 3° de n’avoir commis aucune infraction (si j’avais,
par exemple, grillé un feu rouge, j’aurais évidemment
fermé ma grande bouche) ; 4°) de faire ce que nombre de
gens (et pas que de dangereux anarchistes !) rêvent de faire un
jour, à savoir me rebeller face à la connerie
surhumaine de l’autorité policière. S’ajoute à
cela la rencontre, encore plus fortuite celle-là, avec ce
policier fasciste qui passait par là par hasard et me
balbultia «T’as de la chance qu’il soit pas président
!
». Le tout se déroulant, bien sûr, dans
un climat où les policiers affectés à la
circulation doivent, comme les autres, faire du chiffre. Ce qui
explique bien sûr la « nervosité » de
certains éléments de la police.

(…)

 

AL : Pourquoi écrire
une lettre ouverte à Nicolas Sarkozy ? Ne fait-il pas partie
de ces hommes politiques qui, par essence, n’écoutent pas,
refusent d’entendre ce qui ne leur convient pas, surtout depuis que
le ministre de l’Intérieur a été élu ?
Est-ce que vous savez s’il a reçu et lu votre livre ?
Avez-vous reçu une réponse ? Et si non, n’y a t-il pas
une certaine naïveté à lui écrire, si tant
est qu’il porte une responsabilité dans ce qui vous est arrivé
?

JJR : Au départ,
cette lettre était un témoignage destiné à
la Ligue des droits de l’homme, puis je me suis mis à écrire
au ministre de la Police de l’époque, à cause de la
petite phrase, bien entendu… Une sorte d’exorcisme, si on veut,
d’exercice de style, même. Mais un exercice de style
salutaire… Alors, oui, on peut évidemment me taxer de
naïveté (certains ne s’en sont d’ailleurs pas
privés)… Ce livre est un livre épidermique, face aux
abus de pouvoir de la police, à la raison d’Etat, à
la soumission généralisée des citoyens face à
ce phénomène (pourquoi y a-t-il aussi peu de gens qui
se rebellent alors qu’une quantité industrielle de citoyens
ne supportent plus l’arrogance policière ?). Mais c’est
aussi, et surtout (et je ne le savais pas en le commençant),
un livre citoyen, écrit pour témoigner au nom de toutes
les victimes de violences policières dont on ne parle jamais.
Je n’aurais pas pu dormir tranquille si je ne l’avais pas fait,
je n’y peux rien, je suis fait comme ça… En lui écrivant,
je voulais avant tout le prévenir, le mettre au-devant de ses
responsabilités, lui dire : «Voilà ce qui se dit
en votre nom… Est-ce que ça ne vous dérange pas ?»

(…)

Pour lire l’entretien complet, vous pouvez le télécharger ici au format PDF Téléchargement ENTRETIENAVECJEANJACQUESREBOUX.pdf

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Symo
Symo
17 années il y a

J’ai été moi-même victime de cette « force » de police, en « moins pire », mais tout de même : arrestation, menottage, embarquement au poste… pour une infraction inexistante ! J’ai aussi porté plainte à l’IGS, ce qu’il faut absolument faire en cas d’abus, car l’infraction a été annulée. Je n’ai rien pu faire, hélas, contre l’abus des flics car il n’y a pas eu de blessure physique…
Ce genre d’écarts se multiplie et il est important que les citoyens manifestent leur refus de se plier à cet autoritarisme.
Lire aussi « Garde à vue » de Christophe Mercier (éd. Phébus)

grellety
grellety
17 années il y a

Merci de ce témoignage, et vous avez raison.

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