De Munich à Vichy, la République assassinée, la Collaboration a commencé bien avant 1940…, un entretien avec Madame Annie Lacroix-Riz

Demain, 13 Août 2008, Annie Lacroix-Riz publie aux Editions Armand Colin, "De Munich à Vichy, l’assassinat de la Troisième République, 1938-1940". Après le coup de tonnerre de "Le choix de la défaite", l’historienne, qui travaille sur des archives, des documents croisés, a décidé de publier un important ouvrage, focalisé sur les deux dernières années de cette décennie et sur la fin de cette République. Et ses révélations sont toujours aussi nombreuses, précises et "douloureuses"…

Si vous le souhaitez, vous trouvez la totalité de l’entretien, en fin de celui-ci, au format PDF

ou celui-ci sur Agoravox, avec les commentaires

AL : Madame Annie Lacroix-Riz, vous
avez publié il y a deux ans maintenant le livre Le Choix de la
Défaite. Le livre a été très lu, Gilles
Perrault a publié un éloge, mais évidemment, il
a été attaqué ou ignoré tellement ce que
vous révélez est dérangeant. Quel bilan
faites-vous de cette publication, des échos que vous en avez
eus, de l’intégration ou non des connaissances précises
et pour certaines fondamentales dans l’historiographie savante,
scolaire?

 

Annie Lacroix-Riz : La situation
de ma discipline, que j’ai décrite en 2004 dans l’opuscule
L’histoire contemporaine sous influence 1,
est si verrouillée qu’aucune recherche novatrice, si solide
qu’elle soit, n’est actuellement susceptible de bousculer les
certitudes de ceux que l’historien américain Robert Soucy
qualifie d’« historiens du consensus » 2.
L’alignement de l’histoire contemporaine sur les prescriptions
européennes, dont la bibliographie de la question d’agrégation
en cours (2007-2009) donne une idée précise 3,
et l’incitation consécutive, pour les historiens, à
se montrer « raisonnables », jouent contre
toute recherche « iconoclaste ». Or, toute
étude indépendante consacrée aux élites
qui nous dirigent ou nous ont dirigés (celles d’aujourd’hui
sont constituées des descendants directs de celles que
j’étudie) est « iconoclaste ». Vous
pourriez me poser la même question sur la capacité des
journalistes à rendre compte des pratiques réelles des
ascendants de ceux qui les emploient. Certes, les historiens ne sont
pas, le plus souvent (il est des exceptions, dont certaines
notoires), dans la position de stricte dépendance financière
qui caractérise les journalistes à l’égard du
grand capital possesseur des journaux. Mais le conformisme
idéologique (sans préjudice de la flagornerie et de la
corruption patronales, sous diverses formes) est presque aussi
puissant que le conformisme strictement alimentaire. Agréer,
voire seulement discuter, ma version des causes de la défaite
française signifie, pour certains spécialistes des
années trente et surtout quarante, accepter le principe d’une
mise en cause radicale de leur propre production académique,
qui postule le pacifisme obstiné de la quasi-totalité
des Français, la « perte des repères »
politiques brutale du printemps 1940, la survenue « accidentelle »
de Vichy, etc. Mieux vaut donc n’en pas parler. C’est, en
général, plus d’enterrement que de violente critique
qu’il s’agit, enterrement impliquant mise au piquet (et notamment,
outre la non-recension des travaux, l’interdiction implicite ou
explicite de participation aux colloques consacrés à la
période ainsi étudiée). J’épargne au
lecteur le détail des pratiques de marginalisation des
« dissidents » qu’il trouvera décrites,
à propos de travaux antérieurs, dans deux
communications à paraître cette année 4.
Le choix de la défaite n’a rien changé aux
habitudes acquises à la sortie d’ouvrages également
« iconoclastes », sur le Vatican et sur la
collaboration économique. L’ouvrage de 2006 a eu cependant
la chance de bénéficier de quelques recensions
favorables de journaux « critiques », qui lui
ont valu un certain écho. Il a, grâce à
l’initiative de lecteurs attentifs, été souvent cité
dans divers sites et blogs : sa diffusion doit donc beaucoup au
bouche à oreille, direct ou électronique… L’histoire
occupe chez nous un rôle politique si direct que nous ne
pouvons escompter un changement d’atmosphère que si la
situation générale se modifie, condition nécessaire
pour que les chercheurs puissent récupérer leur
indépendance. Dans l’immédiat, les « réformes »
de l’université les inciteront, ou plutôt les
obligeront, à recueillir de toutes parts des fonds privés.
Outre que cette quête arrachera à la recherche une bonne
partie du temps des chercheurs, l’argent quémandé
proviendra forcément des milieux économiques
dirigeants, qui seront ainsi définitivement soustraits à
l’analyse sérieuse et indépendante de ceux qu’ils
financent : l’anglo-saxonnisation en cours va considérablement
aggraver (c’est le but du jeu) la mise « sous
influence » de l’histoire contemporaine, dominante
depuis les années 1980. C’est dire à quel point il
est vital pour la science historique que se mette en place la
résistance à cette évolution délétère.

 

AL : Comme vous avez apporté
des preuves irréfutables de l’existence de la Synarchie et du
complot, actif et réalisé, de l’extrême-droite
contre la République, il allait de soi que les héritiers
de ce pouvoir pétainiste, idéologues et hommes
d’affaires, allaient venir sur la place publique pour nier, sans
preuves, vos révélations. Dans votre nouvel ouvrage,
vous vous focalisez sur les deux dernières années de la
décennie des années 30, avec, comme point de départ,
Munich, pour terminer à Vichy. 1938 est une année très
importante : en France, le complot de la Cagoule a été
mis au jour, la police, les RG, savent tout de l’organisation de ce
complot, mais au lieu de s’appuyer sur ces connaissances pour mesurer
et contrer un projet mortel pour la République, vous nous
apprenez que Dormoy n’est pas obéi lorsqu’il donne des ordres,
que le juge en charge de l’affaire, Béteille, fait relâcher
des comploteurs sans les interroger. Bref, ce qui aurait pu être
le début de la fin pour cette ligue factieuse,
Cagoule-Synarchie, devient au contraire le début de la
réalisation de ses plans. Et, pour parvenir à cela, il
a fallu un immense réseau de complicités au niveau
national, et ce réseau que vous mettez à jour. Pour
commencer, vous confirmez ce que vous avez révélé
dans Le Choix de la Défaite, à savoir que les nazis
opéraient en France, comme ils le voulaient, avec, autour
d’Abetz, des membres de la Gestapo qui sont déjà sur le
sol français bien avant 1940..
.

 

Annie Lacroix-Riz : «Les
héritiers de ce pouvoir pétainiste, idéologues
et hommes d’affaires » ne se sont jusqu’ici guère
précipités « sur la place publique pour
nier, sans preuves, [me]s révélations. »
Pourquoi donneraient-ils de la publicité (avec le risque
d’être contraints à des mises au point) à des
vérités qu’ils ont la capacité, par le
contrôle capitalistique qu’ils exercent sur la presse,
d’ensevelir purement et simplement? Pourquoi assurer un écho
à ce qui constitue un élément essentiel de mon
travail   la démonstration que le grand capital
régit jusqu’aux plus infimes recoins de notre vie, et contrôle
tous les hommes politiques qui, de la gauche à l’extrême
droite, œuvrent au maintien du statu quo socio-économique,
respectivement par l’application de quelques rustines ou par
l’administration de coups féroces (quand le système
d’exploitation est menacé par une crise économique).
Ceux qui nous dirigent, aujourd’hui comme naguère, préfèrent,
et c’est logique, ménager un large public à ceux qui
diffusent le mythe, édifié par les bailleurs de fonds
patronaux, de l’autonomie du politique, des parlementaires, des
journalistes, de l’appareil d’État civil et militaire,
etc. Le silence ne suffit même plus : leurs auxiliaires
politiques se sont récemment attelés à une
législation susceptible de soustraire à la recherche
toute l’histoire de la France depuis soixante-quinze ans, méthode
encore plus radicale…

Pourquoi inciter les Français à
connaître avec précision ce qu’un ex-délégué
de l’UIMM, saisi par le démon – très tardif et
sélectif   de la « révélation »,
a récemment déclaré à propos d’un homme
politique et ministre de la IIIe République? :
« Jacques Gagliardi, l’ex-bras droit de Pierre Guillen,
délégué général de l’UIMM de 1985
à 1995, […] remonte aux sources de l’UIMM, et à la
création du Comité des forges, en 1864 » sur
la « piste […] du financement politique. […] “Tout
le monde sait bien qu’avant 1914 des campagnes électorales
sont financées par le Comité des forges […]. M.
Georges Mandel, qui était d’origine très modeste,
menait grand train, et tout le monde se demandait d’où il
tirait son train de vie. Eh bien, c’était le Comité des
forges qui subvenait à ses besoins, comme pour bien d’autres.”
Des pratiques qui auraient, à en croire M. Gagliardi, perduré
à travers les époques. Cela “consistait en de la
distribution d’argent en espèces à des hommes
politiques de tout bord, hormis le Parti communiste”, se souvient
M. Gagliardi, qui fit ses débuts dans la sidérurgie en
1966. » 5
On peut s’étonner, comme le fait Le Canard enchaîné
du 30 juillet 2008, qu’un représentant de l’UIMM ait
choisi comme unique symbole des politiques « achetés »
par le Comité des Forges, avant 1914 et après, un des
seuls parlementaires et ministres représentatifs de la IIIe
République agonisante qui n’ait pas versé dans
l’intelligence avec l’ennemi 6 :
cette exception notable, auprès de Jean Zay et Pierre Cot, est
d’ailleurs analysée dans De Munich à Vichy. M.
Gagliardi n’avait en effet, comme le montrent à la fois cet
ouvrage et Le choix de la défaite, que l’embarras du
choix dans la liste des obligés – étirés de
l’extrême droite à la gauche non-communiste   de
la CGPF 7,
ancêtre du MEDEF, du Comité des Forges, ancêtre de
la chambre syndicale de la sidérurgie, et de son UIMM (au
sigle inoxydable : Union des industries métallurgiques et
minières devenue Union des industries et des métiers de
la métallurgie). La grande bourgeoisie française, comme
toutes ses pareilles, a pris l’habitude depuis la seconde moitié
du XIXe siècle de s’appuyer sur ses homologues
étrangères pour imposer en cas de besoin « l’ordre »
ou le retour au statu quo socio-économique.
L’aristocratie en avait fait autant sous la Révolution
française, à l’époque de l’exil à
Coblence et du manifeste de Brunswick. Le tableau stupéfie,
par le degré de soumission auquel peuvent parvenir des gens
habitués à donner des ordres à leurs subordonnés
et à parler très haut, mais un tel comportement est
universel. Menacée, certes rarement, par son peuple, la grande
bourgeoisie allemande en a fait autant : en 1918-1919, elle a
vendu ses bons du Trésor allemands, acheté aussitôt
en masse des titres américains et accueilli parfois à
bras ouverts l’armée française occupante. C’est, en
France, une tendance lourde et durable : à la
Gleichshaltung complète de l’ère germanique a
fait place l’alignement sur la grande bourgeoisie des États-Unis,
progressivement esquissé entre 1941-42 et 1944. Les mêmes
individus sont passés de la passion pour le Reich aux amours
atlantiques, comme je le montre dans la conclusion-épilogue de
mon ouvrage. J’aimerais montrer un jour comment les élites
françaises, économiques et politico-idéologiques,
sont passées, de l’après-Première Guerre
mondiale à l’après-Deuxième Guerre mondiale
d’une dépendance extrême à l’égard,
respectivement, de Berlin puis de Washington. Tous les
synarcho-cagoulards ont connu cette mutation, leurs amours
américaines n’empêchant pas, d’ailleurs, leur retour
d’affection pour les « partenaires »
allemands qui ont été eux-mêmes vite soustraits
au piquet par leur sauveteur d’outre-Atlantique.

 

AL : La
trahison semble une histoire et une passion bien françaises,
hélas. Avec Munich, la France abandonne la Tchécoslovaquie,
malgré nos accords, mais notamment parce que des Français,
comme Flandin, le Seyss-Inqart français, président de
l’Alliance Démocratique exercent une action de propagande dont
les termes sont définis par les synarques eux-mêmes. Il
faut dire que, de cette gauche-là jusqu’à
l’extrême-droite, toute l’inquiétude se porte sur l’URSS
et non sur l’Allemagne nazie, bien que cela soit irrationnel. Vous
revenez sur l’affaire ukrainienne qui vous a valu tant de soucis. A
l’instar de ce que dit un célèbre proverbe sur la
calomnie, il suffit de mentir, avec rigueur et méthode, ce qui
est l’objet de la propagande, comme Goebbels l’a compris et mis en
œuvre, et il en restera toujours quelque chose. Les Nazis voulaient
l’Ukraine, et ils n’ont pas hésité à lancer un
mensonge à un niveau international, et il s’est trouvé
des Français pour abonder, à cette époque, comme
aujourd’hui dans leur sens.

 

Annie Lacroix-Riz : « La
trahison » a certes une longue histoire française,
mais elle ne constitue pas une exception nationale, pas plus que la
corruption de la presse, bien qu’un de ses « pourrisseurs »
d’avant 1914, le délégué du tsar à
Paris, Raffalovitch, ait légitimement décrit par le
menu à son maître « l’abominable vénalité
de la presse française » 8.
Il en va de même de la haine accumulée contre les
Soviets, frénétique dans la France des emprunts russes
d’avant Première Guerre mondiale, où la petite
bourgeoisie rentière a formé la base solide de
l’antisoviétisme produit, et entretenu par la très
grande. Mais cet antisoviétisme a caractérisé
l’univers non-soviétique, et non depuis la victoire
politique de Staline, mais depuis novembre 1917. Il est quasi
impossible d’envisager un classement des pays en plus ou moins
antisoviétiques, ils l’ont tous été
également… Précisons-le, pour montrer que les énormes
mensonges ont la vie dure, ces prêts n’auraient jamais été
remboursés aux petits porteurs, vu l’état de
l’économie russe dominée par le capital
international. Les grandes banques, pour leur part, n’ont rien
perdu, puisque l’État français avait garanti d’emblée
leur participation aux emprunts. Le non-remboursement des « emprunts
russes » aux gogos qui s’étaient précipités
dans l’opération n’a rien dû à l’arrivée
au pouvoir des bolcheviques – lesquels ont d’ailleurs, après
avoir déclaré qu’ils n’honoreraient pas les dettes
du régime tsariste, proposé à tous les pays
impérialistes de régler la question dans le cadre de
négociations commerciales générales que
l’impérialisme français a, pour sa part, résolument
boycottées (comme le montrent les travaux de Michael Carley
9).
La récente ruine des petits porteurs des titres du tunnel sous
la Manche doit-elle quelque chose à d’éventuelles
convulsions révolutionnaires? Grâce à
« l’abominable vénalité de la presse
française », lesdits gogos avaient été
convaincus par les journaux financiers qu’ils faisaient une bonne
affaire – de même que les petits porteurs contemporains. Près
d’un siècle plus tard, la population française ignore
toujours cette vérité élémentaire qu’a
démontrée dès 1973 la thèse de René
Girault sur les emprunts russes 10.
C’est un des exemples, entre mille autres, de ce qu’un familier
du haut état-major général définit à
la mi-septembre 1938 comme le « dindonnage »
idéologique permanent de la population française… À
notre époque, l’antisoviétisme a atteint en France
une virulence d’autant plus remarquable qu’aucune grande force
politique n’y fait plus barrage – et ce alors même que le
système soviétique semble définitivement vaincu
et le « péril rouge » aussi radicalement
circonscrit. Entre autres thèmes antisoviétiques ou
antirusses, l’Ukraine, objectif obsessionnel des impérialismes
étrangers depuis le tournant du XIXe siècle,
a remplacé en tête du palmarès les « emprunts
russes ». Mon livre ne traite pas de « la
famine en Ukraine », qualifiée de « génocidaire »
sous la pression des États-Unis. Je tiens en effet pour nulle
l’influence réelle exercée sur la question par les
actuels gouvernants ukrainiens, qui, par ailleurs,
viennent d’ériger en héros national le nazi ukrainien
Stefan Bandera, criminel de guerre, collaborationniste de l’Ukraine
occupée, puis organisateur d’assassinats de masse jusqu’aux
années cinquante dans l’Ukraine redevenue soviétique
11 :
c’est Washington qui leur a donné sur la question à
la fois libre cours, moyens financiers gigantesques – colloques à
prétentions scientifiques inclus   et publicité à
échelle mondiale. En revanche, De Munich à Vichy
relève l’importance de l’enjeu territorial et
économique ukrainien pour le Reich et rappelle la campagne de
presse allemande, polonaise et vaticane notamment, strictement
subordonnée – depuis les années vingt et surtout
depuis 1933   à cet objectif matériel sans rapport
aucun avec l’idéologie. Le tapage sur « la famine
en Ukraine » remonte à 1933-1935 en Amérique
du Nord et en Allemagne nazie et il a connu depuis l’ère
reaganienne un nouvel essor spectaculaire, directement lié à
la phase ultime de la liquidation américaine de l’URSS 12.
Directement lié à cette offensive, le tumulte est aussi
intense que récent en France, où il s’est inscrit
dans l’inextinguible croisade contre les Soviets. Seule cette
conjoncture fébrile explique que certains « soviétologues »
français, antisoviétiques certes mais naguère
prudents sur le sujet, aient abdiqué toute réserve :
ils surenchérissent aujourd’hui sur les millions de morts d’un
« génocide » dénié par
tous les chercheurs sérieux (au moins 6 à l’origine –
car il convenait d’atteindre un chiffre au moins égal à
celui de « la destruction des juifs d’Europe »
13,
puis 8, 10, 12, etc.) 14.

 

AL : Au cours des années
1930, à plusieurs reprises, les dirigeants de la Banque de
France ont été pressés de remettre de grandes
quantités d’or aux fascistes lorsqu’ils prenaient le pouvoir,
en Espagne, ou directement aux nazis.

 

Annie Lacroix-Riz : Les grands
banquiers ont remis à Franco le reliquat (40 tonnes) des
réserves d’or confiées à la Banque de France
par la République espagnole en avril 1931 (pas par le Front
populaire de 1936), après avoir exercé sur l’État
français depuis l’été 1936 (dès le
putsch franquiste italo-allemand, donc) une pression écrasante
en ce sens. Ils n’ont pas oublié d’exiger – et ils ont
obtenu   du même État que les conséquences
de cette forfaiture ne pesassent que sur ce dernier, c’est à
dire sur le contribuable français : Daladier et son
équipe, notamment Reynaud, alors ministre des Finances, leur
ont concédé une garantie étatique contre toute
poursuite ultérieure, inéluctable si le régime
de Franco n’avait pas survécu. Ils ont naturellement veillé
à ce que l’État eût la responsabilité
officielle de la livraison du métal, stipulée par
l’article 1er des accords Bérard-Jordana du 25 février
1939 et effectuée en juillet. La Banque de France avait
procédé de même – mais le dossier avait en
l’occurrence moins de répercussions intérieures
directes – pour remettre sans la moindre hésitation,
ni le moindre délai à la Reichsbank l’or de la
Banque nationale d’Autriche, au lendemain de l’Anschluss, puis de
celui de la Banque nationale de Tchécoslovaquie, au lendemain
du 15 mars 1939. Ces excellentes façons étaient
considérées par les banques centrales (de France et
d’Angleterre) comme de nature à entretenir ou améliorer
encore les excellentes relations que les milieux financiers des pays
« démocratiques » voulaient à
tout prix maintenir avec le Reich hitlérien. Ces dizaines de
tonnes d’or, autrichien puis tchécoslovaque – utilisées
par le Reich pour ses achats extérieurs de matières
premières indispensables à la conduite de la guerre
imminente  , reposaient physiquement dans les serres de la
Banque d’Angleterre avant d’être confiées, pour mise à
disposition de la Reichsbank, à la Banque des
règlements internationaux de Bâle (BRI). Tous ces
partenaires – les Américains compris – s’étaient
regroupés en club des banques centrales depuis l’été
1930, en vertu du Plan (américain) Young de liquidation des
réparations allemandes, fondateur de cette BRI qui existe
toujours. La même Banque des règlements internationaux,
quand l’URSS prétendit, en 1940 (puis à partir de
1944), récupérer les réserves d’or des banques
centrales des Pays Baltes, lui opposa un veto catégorique et
définitif. L’affaire ne fut réglée qu’en
1992, après la mort de l’URSS et le retour des trois États
dans le giron du capitalisme mondial, dans le cadre de leur
réadhésion à la BRI 15.

 

AL : La défaite des
républicains espagnols, on le sait, ne doit rien au hasard,
puisque les franquistes disposaient d’un soutien permanent des nazis
et des fascistes italiens, mais cette défaite n’aurait
peut-être pas eu lieu sans des trahisons françaises, et
des soutiens français à Franco, notamment de la part du
grand patronat et des cagoulards. D’ailleurs, Franco le leur rendra
après la guerre, en recevant chez lui la crème de la
crème de l’infamie, Filiol, Darquier de Pellepoix, etc.

 

Annie Lacroix-Riz : Comme les
autres impérialismes (anglais et américain) maîtres
de l’Espagne, l’impérialisme français a redouté
qu’une démocratisation de ce pays écrasé de
misère, dont ils contrôlaient la totalité des
secteurs modernes de l’économie, n’entraînât à
terme la récupération d’une indépendance
nationale funeste à cette mainmise. Les auxiliaires
idéologiques du grand patronat ont été chargés
de donner à l’affaire une apparence purement idéologique,
et ils se sont acquittés de cette mission avec un enthousiasme
brûlant. Les bailleurs de fonds patronaux et leurs serviteurs –
toutes les ligues fascistes regroupées en Cagoule depuis le
début de 1936 et la droite classique qui était
organiquement liée à ces groupements   ont trouvé
dans l’expérience franquiste un nouveau modèle à
exalter. De 1936-1937 à la victoire de Franco, ces gens ont
apporté au chef putschiste une aide multiforme, dimension
militaire incluse (envoi de volontaires et d’armements). Cet appui
a été certes moins décisif et efficace que celui
apporté par les capitalismes allemand (surtout) et italien,
artisans et soutiens d’origine du putsch, mais il n’a pas été
négligeable. Franco, laquais du Reich devenu au fil des ans
obligé docile des Anglo-Américains victorieux (de
Washington surtout), a logiquement renvoyé l’ascenseur à
ses partisans français fervents de 1936-1939. L’Espagne
franquiste avait servi de refuge à un certain nombre de
cagoulards poursuivis (si peu) après la tentative de putsch de
la nuit des 16-17 novembre 1937, répétition générale
de celui de juin 1940. Elle a logiquement joué un rôle
éminent dans le sauvetage-recyclage des criminels de guerre et
collaborationnistes, français et autres, en pleine complicité
avec les États-Unis et le Vatican. Rôle si considérable
et explicite que les fonds Espagne d’après 1944-1945 classés
au Quai d’Orsay en ont éliminé pratiquement toute
trace…

 

AL : Vous nous faites connaître
tout l’organigramme dirigeant de la Synarchie et de la Cagoule. Ces
hommes ont été récompensés par Pétain,
en recevant la francisque d’honneur du premier conseil de novembre
40, Yves Bouthillier, Du Moulin de Labarthète, Baudouin; bien
sûr Gabriel Le Roy Ladurie, avec, bien sûr, la crème
de la grande finance et du patronat. Vous donnez la liste des
principaux dirigeants et hommes de main de la Cagoule, dont vous
donnez le chiffre total sur l’ensemble du pays, 120 000 membres.
On prend conscience que c’était une organisation massive et
qui a certes échoué en 36-37 mais pour mieux rebondir
en 38-39. Pouvez-vous nous présenter certains de ces hommes,
synarques et cagoulards, et nous dire ce qui est advenu d’eux après
44 (et notamment de ceux qui, juste à temps, ont su retourner
leur veste, Baudouin, Lehideux) ?

 

Annie Lacroix-Riz : Ces hommes
sont tous liés à la grande banque et/ou à la
grande industrie. Ils ont tous opté pour la « collaboration
continentale » (franco-allemande) depuis les années
trente de la crise au plus tard, et même souvent dès les
années vingt, fraction sidérurgique en tête,
fondatrice du cartel de l’acier en septembre 1936. Pour n’en citer
qu’un, l’ancien normalien Pucheu, un des phares de la cohorte
synarchie-Cagoule, était un homme de la banque Worms, par
ailleurs gratifié du poste de « directeur des
services d’exportation du Comptoir sidérurgique de France ».
Sauf lui, exécuté en mars 1944 sur ordre de De Gaulle
parce que trop directement lié aux Américains, et
l’inspecteur des Finances, secrétaire à la production
industrielle de Laval, Jean Bichelonne, mort d’un accident médical
en Allemagne en décembre 1944, tous ces hommes étaient
passés, à des dates diverses, de l’alliance exclusive
avec le Reich à la passion dévorante pour la Pax
Americana
. Le régime successeur de Vichy, celui de De
Gaulle, théoriquement restaurateur d’une république
« épurée », a maintenu à
la tête de la France ces dirigeants de l’économie
auxquels le coup d’État de Pétain et des siens avait
remis en outre la direction politique sans partage des affaires du
pays. Toujours aussi puissants sur le plan économique, ces
hommes, pratiquement tous passés par l’inspection des
Finances (cœur de la synarchie) ou organiquement liés aux
inspecteurs des Finances, ont continué à compter parmi
les maîtres incontestés de la vie politique et
électorale. Ils ont à nouveau assuré dès
la Libération – lorsqu’il a bien fallu concéder au
peuple français le droit de vote dont l’équipe
Daladier-Bonnet-Reynaud puis le tandem Vichy-occupant l’avaient
privé   ce financement (électoral) des partis
compréhensifs dont Gagliardi n’a dit rien révélé
de précis au magistrat qui l’a interrogé. Les deux
grands chefs synarques que vous citez comptent parmi les artisans
principaux de la livraison de la France à l’envahisseur :
Paul Baudouin, président de la Banque d’Indochine, et François
Lehideux (cagoulard avéré au surplus), neveu de Renault
et administrateur-délégué des usines de celui
que les militants de la CGTU et L’Humanité appelaient
« le saigneur de Billancourt ». Ils sont aussi,
parmi des dizaines d’autres, des symboles de cette reconversion
atlantique spectaculaire, d’ailleurs plus précoce chez le
premier que chez le second. Baudouin, en 1938, se proclamait dégoûté
de « la civilisation purement matérielle des
États-Unis » inapte à « soulager
[l]a détresse » du continent européen, et
voulait offrir à « la nouvelle Allemagne et [à]
la nouvelle Italie » leur légitime « place
au soleil » coloniale. Il prépara dès
1941-1942, entre Marseille et les lieux divers de l’empire dont sa
banque, une des favorites tant de la République que de Vichy,
le partage des prébendes coloniales avec des partenaires
américains. Lehideux, qui fustigeait encore, à Berlin
même, en mars 1942, comme secrétaire à la
production industrielle, « la tyrannie [pétrolière]
des trusts anglo-saxons », fut investi officieusement par
les Américains dès l’été 1944 des
fonctions de conseiller économique pour la reconstruction
française. Il ne put échapper à un séjour
à Fresnes, que les incessantes pressions américaines
réduisirent cependant à seize mois, après quoi
il poursuivit à partir de 1950 sa brillante carrière
dans l’industrie automobile : à la tête de la
filiale française de la firme américaine Ford, il fit
triompher les méthodes de guerre de classe qui avaient assuré
sa promotion politique avant-guerre. Il put y enrichir sa propre
expérience des pratiques antisyndicales par celles, encore
améliorées et aussi radicales (voire davantage encore),
du patronat automobile américain : il mena la vie dure à
la CGT de Frachon dont il avait personnellement assuré la
défaite des militants chez Renault le 25 novembre 1938, en
compagnie d’un des chefs policiers de la IIIe
république, aussi acharné que lui contre les
« rouges » : Amédée
Bussière, directeur général de la Sûreté
nationale, devenu un des chefs de la police collaborationniste de
Vichy (entre autres postes, préfet du Pas-de-Calais puis
préfet de police de Laval à partir de mai 1942). Les
trois hommes avaient été porteurs de la francisque.

 

AL : Désormais, grâce à
votre travail, nous en savons plus aussi sur l’Etat-major cagoulard :
le sommet de la trahison, dans l’organisation supposée agir
pour la défense de la France. Il y avait Weygand, ce qui est
désormais est bien connu, mais il y en avait d’autres,
Vuillemin, Dentz, Colson, Gamelin. Les principaux chefs de l’armée
française préparaient une guerre contre l’URSS et non
contre l’Allemagne nazie !

 

Annie Lacroix-Riz : Les chefs
militaires dépendent trop étroitement des dirigeants
privés de l’économie – comme le reste du haut
appareil d’État   pour échapper à leur
emprise, comme l’avait soupçonné Marc Bloch en en
observant directement un certain nombre au printemps 1940. La
vindicte générale de 1918-1920 contre les Soviets avait
abouti à la guerre des Blancs, soutenue par toutes les
puissances impérialistes et dirigée officiellement par
les puissances victorieuses, France et Angleterre (les États-Unis
de Wilson, qui se montrèrent plus discrets, ne furent pas
moins haineux et déterminés). Cette guerre permanente
ne pouvait, du point de vue des ennemis des Soviets, que s’achever
par la défaite du régime ou du système qui avait
eu l’audace d’abolir la propriété privée des
grands moyens de production et d’échange. Dans les années
vingt, les élites antibolcheviques comptaient sur la coalition
franco-anglaise pour les débarrasser de ce fléau. Dans
la décennie suivante, elles misèrent sur les chances
supérieures de l’impérialisme allemand 
déchaîné par la crise   de mener
l’entreprise à bien. Mon livre montre à quel point, à
la grande satisfaction de l’Axe Rome-Berlin, tous ces gens
escomptaient que le Reich, à la tête « d’une
Sainte Alliance anticommuniste », tordrait le cou à
l’URSS. Ils crurent imminente, en 1939-1940, la réalisation
de l’objectif. C’est une fois de plus l’impérialisme le
plus fort, désormais l’américain, qui, au cours des
décennies d’après-Deuxième Guerre mondiale, a
assumé l’essentiel du combat contre les Soviets – et qui
a, au moins momentanément, réussi là où
ses prédécesseurs avaient échoué. Weygand
avait dès 1919-1920 préféré que la
Haute-Silésie charbonnière et sidérurgique
lorgnée par l’industrie lourde française et promise à
cet effet à la nouvelle Pologne (« créature »
16
du Comité des Forges) demeurât dévolue au Reich,
tant les mineurs polonais, alors parfois en grève,
l’inquiétaient. Presque tous les pairs de ce retraité
de luxe, stipendié de la Compagnie internationale (en fait,
franco-anglaise) du canal de Suez partageaient ses obsessions
sociopolitiques. Le grand journaliste conservateur Pertinax les a
très bien décrits en 1943, pendant son exil américain :
des « émigrés de Coblentz »
(dignes héritiers des aristocrates contre-révolutionnaires),
« lecteurs de Gringoire et de Je suis partout
et autres feuilles du même genre qui, dans leurs récriminations
incessantes contre les Soviets et contre Léon Blum,
regardaient volontiers Hitler et Mussolini comme des piliers de la
société traditionnelle. » 17.
Ces hantises de classe, exacerbées par la crise, peuvent
seules expliquer l’abdication complète du sens de l’intérêt
national et, consécutivement, l’intelligence avec l’ennemi à
laquelle se livrèrent la plupart des chefs militaires. La
disposition à la haute trahison est en 1938-1939 avérée
par les archives allemandes et italiennes chez Gamelin autant que
chez les vainqueurs officiels du putsch vichyste.

 

AL : Lorsque la guerre approche,
ceux qui avaient été objectivement et volontairement
des ennemis de la République se trouvent propulsés à
la tête de la France, par Daladier, Reynaud. Ces hommes vont
préparer la défaite, mais est-il encore légitime
de parler de défaite, puisque les armées françaises
ont été, par avance, puis dès 40, affaiblies,
désorganisées ? Et pour comprendre ce choix de la
trahison, en faveur du modèle humain et politique nazi, ne
faut-il pas revenir à 1870-1871 ? N’est-ce pas, face à
la Prusse conquérante et victorieuse, que la césure
entre le peuple, socialiste, communiste, anarchiste et les dirigeants
français, économiques, politiques et militaires a pris
corps ? A la fin de votre ouvrage, vous écrivez qu’il serait
temps d’honorer, aux côtés des poilus, le communard et
l’antifasciste, et je crois que vous avez raison. Mais ne faudrait-il
pas même envisager d’honorer les patriotes de toute origine, de
toute couleur, français comme étrangers, afin de
stigmatiser ceux qui, «bons français» ont
travaillé et travaillent encore pour des intérêts
étrangers ? Ce qui serait un moyen de répondre
définitivement au Front National…

 

Annie Lacroix-Riz : Cette trahison
de classe a été assurément inaugurée par
celle de 1870-1871. La livraison de la France à l’Allemagne
apparaît comme si calquée sur ce modèle initial
que le texte (cité dans De Munich à Vichy) que
Bazaine chargea « le général Boyer […] de
porter à Versailles le 10 octobre 1870 […] auprès
du commandement allemand » semble dater, non de
l’après-Sedan, mais du printemps 1940 et être signé
du tandem Pétain-Weygand. Mon ouvrage ne porte pas sur la
colonisation française (bien qu’il évoque le sort
effroyable des travailleurs coloniaux, notamment après la
fausse déclaration de guerre), mais il rend hommage aux
« patriotes de toute origine, […] français comme
étrangers ». Quant au « moyen de
répondre définitivement au Front National »,
bien que la science historique fournisse utile matière à
réflexion sur la question, elle ne peut offrir,
malheureusement, la solution politique de l’impasse dans laquelle
nous nous trouvons. L’issue dépend exclusivement de la
récupération par les populations, en France comme
ailleurs, de leur capacité à se défendre en se
dotant d’organisations qui leur seraient à nouveau aussi
dévouées que les organisations patronales l’ont
toujours été et le restent au grand patronat. Seule la
récupération de cette capacité perdue dans les
dernières décennies les mettrait en mesure (comme en
1936-1937 ou en 1944-1945) d’échapper au « dindonnage »
quotidiennement servi par les auxiliaires de ceux qui les vouent à
l’appauvrissement, à la misère, au désespoir,
et qui leur brouille simultanément la perception des réalités.
La période actuelle semble de ce point de vue aussi
désespérante que celle de l’avant-1914, où
régnait en maîtresse l’union sacrée paralysant
« ceux d’en bas » et décuplant la
puissance de « ceux d’en haut ». Mais les
grands verrouillages qu’on croit définitifs précèdent
toujours les transformations profondes.

 

 

AOUT 2008 –
L’ACTION LITTERAIRE

1
Pantin, Le temps des cerises.

2
Auteur de deux ouvrages essentiels sur le fascisme français
de l’entre-deux-guerres, boycottés ou éreintés
par l’historiographie dominante française :

French Fascism, the first wave, 1924-1933
,
New Haven and London, Yale University Press, 1986 ;
French
Fascism, the second wave, 1933-1939
,
New Haven and London, Yale University Press, 1995 (tous deux
traduits en français – le second au bout de près de
dix ans…)
.

3
Voir mon article « Penser et construire l’Europe.
Remarques sur la bibliographie de la question d’histoire
contemporaine 2007-2009 », La pensée,
n° 351, octobre-décembre 2007, p. 145-159.

4
« De la dissidence en histoire contemporaine » :
1
e partie, « Des
interdits de l’histoire de la collaboration »,

Simon Borja
et Jean-Yves
Causer, éd.,
en collaboration avec
Clément Bastien
et David
Naegel,
Le raisonnement sociologique à
l’ouvrage. Autour de Christian de Montlibert
,
à paraître, 2008; 2
e
partie,
 « Les manœuvres des
cagots »,
Regards
Sociologiques,

spécial sur la « la production et réception
des sciences sociales »,
à
paraître,
novembre
2008.

5
Interview, Le Monde, 24 juillet 2008 (toute l’interview
présente un intérêt équivalent).

6
« Ce choix ne laisse pas de surprendre. Car cet ancien
collaborateur de Clemenceau, juif et antifasciste, déporté
par les nazis puis livré à Vichy, finira sa vie en
1944 dans une forêt, assassiné par des miliciens.
Mandel fut l’un des plus farouches opposants aux accords de Munich
et à la politique d’apaisement avec Hitler et Mussolini que
cherchaient à imposer les maîtres de forges. »,
« Les crises d’amnésie d’un patron de
l’UIMM », n° cité, p. 4).

7
Confédération générale de la Production
française fondée en mars 1919, devenue Confédération
générale du patronat français en juillet 1936 –
à l’ère du combat ouvert.

8
« Mémoires de Raffalovitch », rubrique
de Boris Souvarine dans l’Humanité, qui publia
depuis décembre 1923 ces « documents
[authentiques] fournis par le gouvernement des Soviets »,
P/4385, 15 décembre, et F 9061, Paris, 17 décembre
1923, F7 12952, AN.

9
Ils sont amplement cités et utilisés dans Le choix
de la défaite
et dans De Munich à Vichy.

10
Emprunts russes et investissements français en Russie,
1887-1914
, réédition de 1999 à la
Documentation française.

11
Voir la référence de la n. suiv., mon ouvrage

Le Vatican, l’Europe et le Reich de la Première Guerre
mondiale à la Guerre froide (1914-1955)
,
Paris, Armand Colin, coll.
Références,
1996, réédité en 2007 et Geoffrey Roberts,
Stalin’s Wars:
From World War to Cold War, 1939-1953
.
New Haven & London: Yale University Press, 2006.

12
Douglas Tottle,
Fraud, Famine and
Fascism. The Ukrainian Genocide Myth from Hitler to Harvard
,
Toronto, Progress Book, 1987.

13
Titre de l’œuvre maîtresse de Raul Hilberg, Paris,
Gallimard, 1991, 2 vol.

14
Voir mes mises au point « Des champions de l’Ukraine
indépendante et martyre à l’institut d’histoire
sociale », 2005, et « Sur
la “famine génocidaire stalinienne” en Ukraine en 1933 :
une campagne allemande, polonaise et vaticane », mise à
jour bibliographique de 2007,
www.historiographie.info.

15
G. Trepp,
Bankgeschäfte mit dem
Feind. Die Bank für Internationalen Zahlungsausgleich im
Zweiten Weltkrieg.
Von Hitlers Europabank zum
Instrument des Marshallsplans
, Zurich, Rotpunktverlag, 1996, p.
80-81, et ma communication « La BRI et la Banque de
France de l’apaisement à la guerre : de la
collaboration des Banques centrales à l’“or allemand” »,
in Olivier Feiertag et Michel Margairaz, dir., Politiques
et pratiques des banques d’émission en Europe (XVIIe-XXe
siècles)
, Paris, Albin Michel, 2003, p. 387-412.

16
Expression favorite du pape Pie XI pour qualifier les États
protégés ou satellites est-européens de la
France depuis sa victoire de novembre 1918.

17
Pertinax (pseudonyme d’André Géraud), Les
fossoyeurs : défaite militaire de la France, armistice,
contre-révolution
, New York, 1943, 2 vol., t. 1, p. 45.

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