Dans les « déserts alimentaires » américains, la dictature de la malbouffe pour les pauvres | Rue89

(De Raleigh, Caroline du Nord) Le gouvernement américain vient de publier une sidérante carte des « déserts alimentaires » sur le territoire national. Faute d'approvisionnement à moins de deux kilomètres, sans moyen de transports, les millions de pauvres qui vivent là n'ont accès qu'à des chips, des confiseries industrielles, quelques conserves et des sodas.

Si la France déplore l'existence de déserts médicaux, les Etats-Unis se préoccupent depuis plusieurs années des déserts alimentaires. La plupart ne sont pas situés au milieu des bois, dans la montagne ou un désert de cactus. Ils se trouvent au cœur des villes.

Tout est parti de « Let's move » (« On se bouge »), l'initiative de Michelle Obama pour prévenir l'obésité et améliorer la santé des familles pauvres. Outre une réforme des menus scolaires et une redéfinition de la très officielle « pyramide alimentaire », cette campagne a déjà mis en branle des centaines d'initiatives locales et nationale, privées et publiques.

La dernière en date est la chanson de Beyoncé, « Move your body », qui cartonne dans le pays.

C'est ce contexte volontariste qui a conduit le USDA, le ministère de l'Agriculture en charge de tout ce qui concerne l'alimentation aux Etats-Unis, à dresser cette carte à partir des données récoltées lors du dernier recensement de 2010.

Objectif : élargir la disponibilité et l'accès aux produits frais en incitant les distributeurs à s'installer dans des zones peuplées mais délaissées commercialement.

Des snacks dans les stations-service et les drugstores

Quiconque s'est un peu baladé aux Etats-Unis a constaté qu'il était bien difficile de trouver des fruits, des légumes ou du lait frais en dehors des immenses supermarchés de chaînes, lesquels sont extrêmement éloignés les uns des autres. Sans parler de l'inexistence de marchés fermiers en dehors de certaines villes, encore peu nombreuses à en proposer.

En revanche, on trouve partout des stations d'essence vendant des « snacks » et des boissons sucrées. Ou encore des drugstores qui, en sus de la pharmacie, droguerie et petite quincaillerie, proposent parfois du lait et des yaourts (mais faut aimer ce genre de yaourt ! ).

Lorsque je vivais à Houston (Texas), en lisière du centre-ville, le plus proche supermarché pour faire mes courses se trouvait à 5 km. J'avais une voiture, pas de problème. Ici, à Raleigh (Caroline du Nord), toujours en plein centre-ville, l'épicerie voisine est 3,5 km. Mais j'insiste : je suis motorisée. Ce qui me gêne, c'est cette obligation de prendre la voiture.

Justement, la carte du USDA indique qu'un de ces déserts alimentaires jouxte mon quartier. Il commence à deux rues au sud de chez moi, abrite 3 708 personnes. Parmi elles, 1 203 enfants de moins de 17 ans, et 235 personnes âgées.

Le nombre de foyers sans véhicule est de 50,2%. Les stations de bus sont trop loin, et de toute façon, les lignes ne sont pas conçues pour desservir les magasins d'alimentation.

Pourquoi mon adresse ne figure-t-elle pas sur cette carte ? Après tout, mon quartier non plus n'a pas d'épicerie accessible à pied ou en vélo.

Les quartiers riches n'ont pas droit au label « désert »

C'est que, pour avoir le label « désert alimentaire », en plus de l'éloignement des magasins d'au minimum 1,6 km,

via www.rue89.com

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