Dans la France d’en babs – Libération

Installés en Ardèche dans le sillage des babas cool des années 70, ils se disent néoruraux ou décroissants. Ils ont le rêve modeste : vivre autrement, loin du brouhaha politique.

Par CHARLOTTE ROTMAN envoyée spéciale en Ardèche

Ils ont la trentaine, des enfants en bas âge, cherchaient «la ruralité». Ils se sont installés en Ardèche, sur des terres rugueuses et sauvages. Ils vivent de peu. Ne possèdent pas de télé, et rarement des téléphones portables. Ils ont la sérénité de ceux qui sont sûrs de leurs convictions. Julien, Alcine, Tomas, Maïa, Olivier, Ameline, Nicolas sont les héritiers des babas cool venus ici dans les années 70 faire «un retour à la terre». En pull de laine et barbe de plusieurs jours, ils incarnent une critique radicale de la société de consommation. Sans slogan ni banderole : à la différence de leurs aînés, ils ne prônent pas le communautarisme et n’essayent pas de convaincre la Terre entière qu’ils ont fait le bon choix.

Les Ollières-sur-Eyrieux

«Faire émerger des alternatives»

«Les hippies ont montré qu’on pouvait faire une petite agriculture paysanne. Et que c’était possible de s’installer et d’en vivre. Nous, la génération d’après, on hésite moins à le faire», explique Julien Picard, un apiculteur de 36 ans installé en 2005. «Pas besoin de la crise mondiale pour faire émerger des alternatives», renchérit Nicolas Becker, un Lorrain de 33 ans, éleveur et maraîcher bio, en Ardèche depuis sept ans.

Tous deux font partie d’un petit réseau qui alimente un magasin collectif de vente directe, aux Ollières-sur-Eyrieux, «dans la Grande-Rue, entre le bureau de tabac et la boulangerie». On y trouve du miel, des fromages, des saucissons, des œufs, de la crème de châtaigne, des tisanes, des pommes de terre, des poteries… Chacun y tient une permanence, à tour de rôle. Au mur, un manifeste sur l’agriculture paysanne, une affiche sur les «10 bonnes raisons de consommer bio», mais aussi une carte du nucléaire en France, «danger permanent», des annonces de concerts. Près de la caisse, le numéro 63 du Paysan ardéchois, le journal d’information de la Confédération paysanne, qui titre «Semons ensemble les graines d’une nouvelle société».

Saint-Vincent-de-Durfort

«On n’a pas envie d’avoir de dépenses»

Ce jour-là, Julien Picard n’est pas au magasin. En combinaison d’apiculteur, il inspecte une partie de ses 250 ruches, près de Saint-Vincent-de-Durfort. Gestes lents de cosmonaute aux mains nues. Il a grandi dans le Périgord, avec des parents arboriculteurs et viticulteurs. Bac +5, ingénieur agronome, il a eu besoin de «retrouver un côté terrien». En plus du miel qu’il fabrique et qu’il vend (5 tonnes par an), il essaye d’être «au maximum en autoproduction pour l’alimentation». Il a un potager, fait des conserves de tomates, élève poules, oies, canards, cochons. Des loutres nagent dans la rivière en bas de chez lui, les renards de la forêt viennent lui chiper des volailles. Il voulait «vivre sainement», avec sa compagne, enceinte, et leur enfant. «On se contente de ce qu’on a, on a peu de dépenses, et pas envie d’en avoir. Ici, on n’a pas de soucis de publicité. Je plains ceux qui se sentent obligés d’acheter un iPod.» Ce mode de vie relève «du choix militant».

«L’Ardèche évoquait des territoires de petite agriculture paysanne, et de luttes anciennes», dit Julien qui y a senti «une dynamique» avec des jeunes installés en réseau et «un esprit collectif ouvert à l’échange». Ici, on délibère pour savoir si les journalistes peuvent ve

via www.liberation.fr

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moustik2
moustik2
13 années il y a

c est sympa comme admosphére ,mais il manque la photo,j ai bien 2 télé qui date de plus de 20 ans mais je ne la regarde pas ,par contre je posséde une tondeuse à sabot pour me couper les cheveux(je me suis lancé dans la coiffure pour ne plus attendre pendant des heures sur une chaise) avant j aimais bien les cheveux longs mais c est plus pratique à coiffer quand il sont courts ,il ont un bon slogant et puis ils vivent

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