Comment l’ambassade de France n’a cessé de soutenir Ben Ali | Mediapart

Bien qu'il s'en défende aujourd'hui, Serge Degallaix, en
poste entre 2005 et 2009, sous les présidents Chirac et Sarkozy, est
l'ambassadeur qui incarne le plus l'aveuglement de la France. En 2007, lors
d'une conversation avec son homologue américain rapportée dans un câble révélé
par Wikileaks
, le diplomate estimait ainsi que «la
Tunisie n'est pas une dictature et ses leaders sont vraiment à l'écoute du
peuple».
Il est aussi présenté par une
source anonyme (en fait, il s'agit de Mohamed Bouebdelli) comme l'«ambassadeur
de Ben Ali auprès de Sarkozy, et non l'inverse»
. Au Quai d'Orsay, certains le
présentent comme «un proche du régime», particulièrement «zélé».

Serge Degallaix, sa femme, et Fouad Mebazaa.

Serge Degallaix, sa femme, et Fouad Mebazaa.

Joint par Mediapart, l'ambassadeur admet que la Tunisie
était «une démocratie de fiction», mais ajoute qu'à la différence d'autres pays
comme l'Irak, la Tunisie de Ben Ali «n'élimine pas physiquement ses opposants,
ne les tue pas»
. C'est faire vite fi de tous ces opposants emprisonnés,
torturés ou mystérieusement disparus…

Le diplomate admet certes avoir été un
témoin direct de l'«emballement du népotisme» de Ben Ali. Mais quand il était
en poste, il ne s'en est pas ému. «Si vous voulez dialoguer avec quelqu'un,
vous ne pouvez pas lui dire que ce n'est pas un interlocuteur recommandable.»

Dans l'establishment de Tunis, le diplomate est décrit comme
un très proche du clan au pouvoir. «Degallaix, c'était quasiment un membre du
RCD»
, estime l'entourage d'un ministre tunisien récemment nommé. Le journaliste
Ridha Kefi, qui multipliait les articles éreintant la politique au Maghreb de
Nicolas Sarkozy, raconte que l'ambassadeur s'était plaint de ses articles
auprès du ministère tunisien de l'information…

Car même s'il affirme n'avoir jamais rencontré Ben Ali «en
tête à tête»
, l'ambassadeur était proche de certains caciques du régime (photo). Et son
épouse, Fatemeh, était une amie personnelle de Leila Trabelsi, la très
influente épouse de l'ex-président. Elle était même

Le club Elyssa

Le club Elyssa© MM / Mediapart

membre du club Elyssa, un cercle
privé de Sidi Bou-Saïd, tout près de la résidence de France, dirigé par sa sœur
Samira. Ici, dans cette coquette bâtisse à l'intérieur luxueux, les dames
riches, femmes de ministres ou de hauts fonctionnaires, toutes choisies par
Leila Trabelsi, jouaient aux cartes, prenaient des cours de danse. Aujourd'hui,
le club est fermé. La patronne a été arrêtée. Les employés désœuvrés ne savent
pas qui va les payer…

La proximité était telle que les rumeurs les plus folles
circulent autour du couple Degallaix. Dans un

via www.mediapart.fr

0 0 votes
Évaluation de l'article
S’abonner
Notification pour
guest
0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Translate »
0
Nous aimerions avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x