Lors de ses vœux destinés au monde de la connaissance et de la culture, mercredi 19 janvier 2011, le président de la République, a annoncé qu'il entendait poursuivre en l'améliorant la réforme de la formation des enseignants, « le chantier de l'avenir » indiqua-t-il.Il déclara plus loin, « Je pense qu'il faut que nous remettions sur le chantier les éléments de formation, passer des instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM) à l'université, passer d'un niveau licence à un niveau master ne suffit pas », puis « il y a toute la question de la formation pratique, je pense qu'il ne faut pas avoir peur d'améliorer en permanence notre système ». Il est surprenant que N. Sarkozy reconnaisse lors de ses vœux la nécessité d'améliorer les dispositifs de recrutement des enseignants qu'il a lui même dangereusement fragilisé, en lançant le 2 juin 2008 une réforme majeure sans la moindre discussion avec les principaux acteurs concernés. S'agirait-il d'un aveu d'échec susceptible d'engager une réflexion en profondeur ou simplement d'un nouvel effet d'annonce sans lendemain, destiné à gagner du temps ? Le processus en cours sur ce sujet depuis son accès au pouvoir incite à opter pour la seconde partie de cette alternative, en voici les principales raisons.
– 1) Les enseignants pâtissent d'un dénigrement systématique. Le constat n'est pas nouveau. Quand il était ministre de l'Education nationale, de juin 1997 à mars 2000 C. Allègre, avait largement amorcé le phénomène par ses formules à l'emporte-pièce. La réalité des expériences conduites dans les établissements scolaires, les difficultés rencontrées par les enseignants dans leur pratique professionnelle passent à l'arrière-plan derrière le dénigrement des revendications présentées comme corporatistes ou la dénonciation des avantages « excessifs » dont ils seraient censés bénéficier. Le chef de l'Etat ne se vante-t-il pas de l'affaiblissement apparent des mobilisations enseignantes, le dernier exemple en date ayant été signalé le 26 janvier lors de son intervention devant le « premier cercle » des donateurs de l'UMP.
– 2) L'application depuis 2007 d'un mécanisme automatique de suppression de postes impose le dogme du non remplacement d'un fonctionnaire sur deux comme le stipule la RGPP (Révision Générale des Politiques Publiques). Elle a conduit à la destruction des dispositifs de soutien qui avaient fait leur preuve tels les Rased, à des remplacements de plus en plus périlleux dans de nombreuses classes, à l'augmentation du nombre moyen d'élèves par classe à l'école primaire comme en collège et à la réduction de la scolarisation à partir de deux ans. Ceci n'empêche pas le ministre L. Chatel d'envisager sans sourire lors de sa déclaration du 23 janvier 2011, l'expérimentation de l'enseignement de l'anglais à partir de trois ans… Rappelons que 11 200 postes furent supprimés en 2008, 13 500 en 2009, 16 000 en 2010 et 16 000 suppressions sont de nouveau prévues au budget 2011. La découverte de nouveaux « gisements d'emplois » permettrait soit disant cette « rationalisation » sans heurts.
– 3) Pour palier aux inquiétudes que suscite la réduction des moyens, une agitation permanente laisse croire que l'on va mieux s'occuper des élèves en difficulté et qu'une meilleure organisation du temps de travail permettra de s'adapter aux besoins des enfants. Le passage à la semaine de quatre jours par X. Darcos en a constitué un bon exemple. Le récent rapport parlementaire remis le 9 décembre 2010 par la députée UMP M. Tabarot a malheureusement pointé toutes les fragilités du nouveau système et préconisé un retour à une semaine de quatre jours et demi. Il apparaît qu'avec 6 heures de cours par jour et 144 jours de classe, les élèves français ont les horaires quotidiens les plus lourds d'Europe.
– 4) La mesure la plus emblématique reste celle de la mastérisation de la formation des enseignants. Comme l'ind
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