Comment la zone euro s’est retrouvée face à l’abîme | Mediapart

L'enchaînement a été parfait : le système financier a réussi à faire prendre en charge une grande partie de ses pertes par les Etats. Combien de temps la supercherie va-t-elle encore durer ?  La montée des protestations sociales partout en Europe commence à inquiéter le monde financier :  il ne s'attendait pas à une telle résistance, y compris en Grande-Bretagne. 

Les plus avisés rejoignent aussi les économistes critiques: le chemin de l'austérité et de la déflation sociale choisi par l'Europe leur paraît insoutenable. Soit des pays vont quitter l'euro, soit l'économie de certains va exploser sous le poids de la dette et de la déflation. Un réaménagement ordonné leur paraît préférable. Anticipant une restructuration inévitable, les banques préparent le terrain  – et c'est un des objets de la bagarre autour de l'euro –, elles veulent obtenir l'assurance qu'elles ne seront pas mises à contribution. Goldman Sachs a déjà sorti un scénario à cet effet, proposant la création d'un mini-FMI européen, qui serait le garant en dernier ressort de toutes les dettes des pays. Les économistes de JP Morgan proposent eux qu'un transfert conséquent des dettes des pays attaqués – Grèce, Irlande, Portugal – soit organisé vers les pays les plus solides de l'Union. En un mot, les banquiers sont en train d'imaginer tous les schémas possibles pour socialiser les pertes et ne surtout pas avoir à payer une partie des pertes dont les banques sont responsables. C'est la notion du risque et de l'esprit d'entreprise dans le capitalisme actuel : des prêts à taux élevés mais avec toutes les garanties étatiques.

On en est là du débat. Les responsables européens sauront-ils enfin trouver une réponse qui ne serait pas uniquement destinée au marché? Sont-ils prêts à renoncer à leurs dogmes, qui les ont amenés à préférer les intérêts privés à l'intérêt général et ont conduit l'Europe dans l'impasse? Il est difficile de rattraper tant d'erreurs en si peu de temps. L'Europe ne progresse que sous la contrainte, ne cessent de rappeler les experts européens. Certes. Mais cette fois, il est minuit moins cinq.

via www.mediapart.fr

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