Sur les cartes les plus récentes de Dublin, Clongriffin n'existe pas encore. Construit dans une banlieue cossue du nord de la capitale irlandaise, ce «centre-ville» flambant neuf est pourtant déjà mort. A l'entrée, une palissade noire court le long de main street, la «rue principale», et dissimule un grand terrain vague. Des panneaux promettent depuis 2007 l'ouverture d'un centre commercial, qui ne verra jamais le jour.
Au bout de la rue, la place centrale est entourée de bâtiments modernes, de béton et de verre, tous déserts: aucun de ces bureaux n'a trouvé preneur. Une pharmacie et un magasin d'alcools se sont installés, un peu plus loin. Ailleurs, il n'y a que de sinistres panneaux «coming soon» auxquels plus personne ne croit. Des habitants rasent les murs au compte-gouttes. Grand silence. Un bus, toutes les dix minutes, quitte la place, vide deux fois sur trois, pour rejoindre le centre de Dublin.
Dans ce paysage de carcasses vides et de terres abandonnées, les immeubles d'habitation, eux, commencent à se remplir. «Il faut encore que des magasins ouvrent, et cela deviendra un peu plus normal», veut croire Cian, 17 ans, en uniforme bleu nuit, de retour du lycée. «Mais c'est vrai qu'on ne sait pas encore quand ils vont ouvrir. Pour l'instant, c'est très calme.» Il a emménagé en début d'année avec ses parents, qui ont voulu profiter de l'effondrement des prix immobiliers pour changer de quartier. Depuis, rien n'a vraiment bougé à Clongriffin.
Cette ville nouvelle, peut-être l'une des seules localités d'Irlande dépourvue du bon vieux «pub», est l'un des symptômes de la crise en cours. C'est une ville en trop, qui ne sert à rien. Les Irlandais appellent cela des «ghost estates».
via www.mediapart.fr
impressionnant, on se croirait dans « inception »