Cinq ans après Lehman, l’Europe est toujours plombée par ses banques – Page 3 | Mediapart

Devant un bilan aussi médiocre et des perspectives aussi sombres, la logique voudrait que l’on s’attaqua enfin au nœud du problème : la taille des banques, leur poids excessif dans le financement de l’activité économique en Europe et le développement de sources alternatives. Du côté des régulateurs, on se veut « raisonnablement confiant ». « Aujourd’hui, les actionnaires des banques sont en première ligne et le management également, et ils feraient mieux de faire attention », affirme l’un d’entre eux. De fait, les bilans bancaire ont subi une (petite) cure d’amaigrissement, certains secteurs d’activité ont été abandonnés, les fonds propres augmentés en conformité avec les nouvelles normes prudentielles dites de Bâle III, tout en restant très insuffisants. « Chacun veut se présenter sous son meilleur jour avant les examens », résume un autre régulateur. Toutefois, réplique Martin Hellwig, « pas grand chose n’a été fait pour réduire la taille globale du système bancaire ».

Ceci supposerait en effet que les acteurs économiques européens, entreprises et ménages, aient accès à des financements alternatifs. Aux États-Unis, ces sources non-bancaires, des marchés de capitaux au capital-risque en passant par les fonds monétaires, financent 75 % de l’activité économique. En Europe continentale, quelque 20 % seulement en moyenne. Un des régulateurs européens se dit « plutôt sceptique sur le fait que le développement de sources alternatives de financement soit la réponse au problème actuel ». D’abord « parce qu’elles sont perçues comme plus risqués » par le public. Ensuite, « parce que des instruments de ce type ont été développés par les banques elles-mêmes ».

Compte tenu de la facture astronomique payée depuis cinq ans par l’économie globale pour les errances des banquiers, l’idée que ces institutions seraient moins « risquées » que les instruments de marché et les financements directs prouvent à quel point le rideau de fumée obscurcissant la lecture de cette crise est difficile à dissiper. Il est vrai toutefois que l’environnement réglementaire et prudentiel est gravement biaisé en faveur des principales banques. De même que le cadre judiciaire existant a garanti une impunité quasi totale aux comportements délictueux de certains de leurs dirigeants. Comme le rappelle Martin Hellwig, la « banque de l’ombre » (shadow banking) était « le résultat de l’action des banques régulées ».

via www.mediapart.fr

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