Chômage : la dangereuse politique du laisser-faire-celles et ceux qui veulent et profitent du chômage des autres – Page 3 | Mediapart

Du même coup, on comprend la fragilité des prévisions économiques du gouvernement. Le scénario de l’Insee aboutit à ce que « l’acquis de croissance » (ici la définition) ne dépasse pas 0,1 % à la fin du mois de juin 2013. Or le gouvernement a construit tout son budget de 2013 sur une hypothèse de croissance de 0,8 %. Pour que cet objectif soit tenu, il faudrait donc que la croissance accélère brutalement et atteigne des chiffres de l’ordre de 0,8 % au troisième trimestre et de 1,2 % au quatrième trimestre. Ce qui est proprement impensable. Conséquence implacable : sur le front du chômage, la prévision présidentielle pêche, elle aussi, par optimisme. En bref, la politique d’austérité va forcément conduire à plus de chômage que prévu.

Mais à cela s’ajoutent encore d’autres raisons. En particulier, il est apparu de plus en plus nettement au fil de ces derniers mois que le gouvernement a fait le choix de conduire une politique néo-libérale, dite de l’offre. En clair, tout a été fait pour favoriser les entreprises, avec l’arrière-pensée que ces aides conduiraient à une amélioration sur le front de l’emploi et du chômage. C’est la logique supposée du « choc de compétitivité » voulu par le gouvernement, au terme duquel les entreprises vont percevoir 20 milliards d’euros sous forme de crédit d’impôt.

Or, ce choix-là risque de rater sa cible pour deux raisons. La première, c’est qu’aucune étude économique n’atteste que l’amélioration de la situation économique des entreprises conduise à une baisse du chômage. C’est la faille bien connue du fameux « Théorème de Schmidt ». On se souvient que le chancelier allemand Helmut Schmidt avait pris en son temps pour cap ce principe : « Les profits d’aujourd’hui font les investissements de demain et les emplois d’après-demain. » À l'époque, son allié et ami français, Valéry Giscard d'Estaing, avait repris cette maxime à son compte, ce dont se moquaient les socialistes français, non sans raison. Car dans le capitalisme d’actionnaires auquel la France s’est convertie, cela ne fonctionne jamais comme cela : les profits d’aujourd’hui font d'abord… les dividendes de demain.

Et c’est donc le risque pris par le gouvernement : en accordant 20 milliards d’euros de crédits d’impôt aux entreprises, sans leur demander en contrepartie le moindre engagement, il va alimenter le plus souvent des comportements d’aubaine. Cela va tout bonnement venir gonfler les dividendes d’entreprises qui sont déjà très généreuses avec leurs actionnaires, et d’abord les entreprises du CAC 40.

Ce choix d’une politique économique néo-libérale est confirmée par un autre chantier ouvert par le gouvernement, celui de la réforme du marché du travail. Encore une fois, l’arrière-pensée est transparente : l’Élysée veut faire croire qu’une plus grande flexibilité peut conduire à davantage de créations d’emplois. Mais en vérité, beaucoup d’études attestent que l’effet n’est pas exactement celui-là : une plus grande flexibilité peut accroître la rapidité des embauches en période de croissance et accroître celle des licenciements en période de stagnation, mais sans que le stock total d’emplois n’en soit modifié sur une longue période. En clair, la flexibilité crée d'abord… de la flexibilité ! Mais elle ne créée pas plus d’emploi. Ou si elle en crée, ce sont seulement des emplois… précaires !

Ces choix sont révélateurs aussi d’une autre arrière-pensée : si le gouvernement considère que le pays est en situation d’urgence économique, il n’a jamais semblé penser qu’il était aussi en situation d’urgence sociale. Car après tout, il aurait tout aussi bien pu considérer que l’envolée dramatique du chômage exigeait un

via www.mediapart.fr

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