Comme
tous les étés, France Culture impose à ses auditeurs chaque soir
de la semaine de 19h à 20h, l’écoute des homélies de Michel
Onfray. Le prêche du Vendredi 16 août fut un festival
d’approximations et de contre-vérités historiques. Pour Onfray
qui a manqué une vocation de procureur, il n’y pas de place pour
les contradictions et les nuances, il n’y a que des bons et des
méchants. Les bons le sont en toute chose et les méchants le sont
en toute circonstance. C’est le triomphe du manichéisme sur la
dialectique. Dans l’Histoire de France revue et corrigée par
l’oncle Onfray, on apprend que la Révolution française s’oppose
à la Commune de Paris : La Révolution a été égalitaire,
violente, marquée par la pulsion de mort car faite par des
« intellectuels ratés et frustrés » (sic) alors que la
Commune était libertaire, « fraternitaire », et
pacifique et sans intellectuel. Si certes Onfray reconnaît à la
Révolution la paternité de la déclaration des droits de l’Homme,
et de la nuit du 4 août, pour lui elle est avant tout la violence,
la guillotine synonyme de Robespierre alors que la Commune brûle la
guillotine et « fait plein de choses concrètes pour le
peuple ». Robespierre est réduit à l’homme qui a exterminé
les gentils girondins pour « conjurer les menaces de guerre. »
Oui
la Révolution fut égalitaire, mais la France de 1789 n’y
connaissait-elle pas un gros problème d’égalité ? Oui la nuit du
4 août fut l’un des événements fondateurs de notre nation, mais
aurait-il eu lieu s’il n’y avait pas eu la Grande Peur qui fut
violente et dont les acteurs furent les paysans et non de quelques
intellectuels exaltés et revanchards ? Robespierre n’a pas
envoyé les girondins à la guillotine en raison des menaces de
guerre. La guerre était déjà déclarée à l’initiative
conjointe des girondins et de Louis XVI et malgré l’opposition de
Robespierre. Guerre qui ne fut pas pour rien dans la Terreur et qui
se prolongea jusqu’à la bataille Waterloo au prix de centaines de
milliers de morts. Ce sont les girondins qui voulurent exporter la
révolution à la pointe des baïonnettes et non Robespierre. Autre
contradiction Robespierre soutint le projet de Loi de 1791 pour
l’abolition de la peine de mort alors que nombre de Girondin
défendirent son maintien. Inversement même si les communards
étaient contre la peine de mort et brûlèrent les deux guillotines
de Paris, il n’en reste pas moins que le 19 mai 1871 la Commune
décrète que les fonctionnaires ou les fournisseurs accusés de
concussion encourt la peine de mort. Rassurons Michel Onfray ceux
qui firent la Révolution de française 1789, n’étaient tous des
intellectuels ratés vivant de haine, d’eau fraîche et de lectures
exaltés, il y eu des paysans, des artisans, des femmes, les
prolétaires des 1ere manufactures,… et l’œuvre de cette
révolution ne s’est pas résumée ni à de la production d’idée,
ni à la guillotine : égalité devant la loi, abolition de
l’esclavage et de la question, séparation des pouvoirs, divorce,
liberté de conscience, naissance des communes et département,
administration des collectivités territoriales, unification des
poids et mesures, état civil,… Rassurons encore Michel Onfray il
n’y avait des intellectuels dans les rangs de la Communes :
Louise Michel, Gustave Courbet, Jules Vallès,… Opposer la Commune
de Paris à la Révolution n’a pas de sens : contexte
historique, économique et social différent, durée différente 70
jours pour Commune et 10 ans pour la Révolution. La Commune s’est
justement ainsi nommée par volonté de filiation avec la Commune de
1792. Ce qui caractérisait le plus la Commune de 1871 était son
fonctionnement en démocratie mandataire directement inspiré de la
constitution de 1793, œuvre de la convention montagnarde qui doit
beaucoup à Saint Just, personnage honni par Michel Onfray.
Malheureusement la constitution de 1793 ne fut jamais mise en œuvre.
Enfin contrairement à ce que prétend Michel Onfray, la Commune
n’avait pas une ambition uniquement locale. Comme la Révolution,
elle avait une ambition universaliste. Elle était résolument
internationaliste. Sur le Parti communiste français, Michel Onfray
est encore plus catégorique que sur la Révolution : « Pierre
Laurent est un crétin » (sic), « il n’y a plus aucun
intellectuel membre du PCF » (sic), « Alain Badiou est un
compagnon du PCF (sic) », « le PCF ne s’est jamais
intéressé à Pierre Bourdieu (sic) », le PCF n’a jamais eu
de regard critique sur ni son histoire, ni sur celle du communisme
international, ni sur le Goulag. Le PCF est sauvé par ses militants
de base qui sont formidables mais complètement crédules. Ils se
font abuser par des « dirigeants roulant dans des voitures de
maître avec chauffeur ». « Ces mêmes apparatchiks ne
rencontrent jamais le peuple hors des caméras de TV » (sic), «
ils vivent dans d’autres quartiers que lui » (sic), et
« profitent de l’argent collecté » par ces idiots de
militants de base, pour s’adonner à leurs activités principales :
la lutte des places et la trahison de l’idéal communiste.
« Aujourd’hui seul le FN s’adresse au Peuple » (sic)
car contrairement au PCF, il a compris la nature misogyne de l’Islam.
A ce réquisitoire aussi délirant qu’intellectuellement
affligeant, s’ajoute un scoop « Joseph Fouché a été le 1er
communiste de France ». Ce qui est normal dans la logique
tordue de Michel Onfray : Comme la pensée de Marx, le
communisme conduit nécessairement à un État policier, comme Fouché
fut le ministre de la police politique de Napoléon, il ne pouvait
qu’avoir été communiste CQFD. Michel Onfray loin de rendre la
philosophie populaire impose chaque été aux auditeurs de France
Culture la philosophie du beauf.
C’est pourquoi on peut légitimement s’interroger sur les
raisons qui poussent France-Culture à laisser ce charlatan
monopoliser son antenne.
————————————
Nos remerciements à Yann pour ce témoignage d'auditeur (il en faut du courage pour écouter/supporter tant de stupidités), sa rédaction, les éléments de réponse à Onfray
merci d’avoir rectifié les nombreuses erreurs de Michel Onfray sur la révolution française.
Son opinion sur Robespierre prouve qu’il ne connait rien à l’histoire de la révolution. Point barre.
mais je n’approuve pas la colère que vous éprouvez à l’égard de M Onfray.
Michel Onfray se trompe mais il n’en est pas pour autant un charlatan…il ne faut pas » hair » trop vite ! sinon vous finirez par » hair » tout le monde !!! les gens se trompent !! et d’autres se laissent trompés…et tout le monde parle et personne ne s’écoute et peu réfléchisse
ainsi va le monde
restez cool !!!
Colère, sans doute – autant envers M. Onfray qui a tant dérivé, qu’à l’attention de celles et ceux qui, comme sur France Culture, lui permettent de tenir ses propos dans un cadre non contradictoire. Haine, non, je n’ai pas de temps à perdre. Par contre, si je devais haïr M. Onfray, pourquoi est-ce que cela favoriserait ou serait un signe de glissement vers la haine de tout le monde ? ! En général, quand une personne a une haine pour, c’est pour des personnes et pas « tout le monde » – sauf chez le « misanthrope », ce que je ne suis pas. Il y a des personnes formidables, passionnantes, sur cette planète. M. Onfray n’en fait pas partie. Il est « entendu » – mais lui, écoute t-il celles et ceux qui lui répondent ? Non, ils n’ont pas la parole. Et quand on le place en situation de confrontation/contradiction, comme dans « Ce soir ou Jamais », ses interlocuteurs sont faibles en Histoire… Restez cool ? D’accord, mais il n’est pas question de permettre à M. Onfray de raconter n’importe quoi sur l’Histoire de France, Robespierre, les communistes, la Résistance, etc.
tout le monde parle et personne ne s écoute et peu réfléchisse , c est trés « normal » et ainsi va ce monde droit dans le « mur » , c est un état paradoxal de savoir s éxprimé pour ces gens « normaux » et de ne pas utiliser en fusion avec le cerveau , l autiste réfléchi mais a du mal à éxprimer son potentiel ,j arrive à croire malgré que je ne suis pas croyant comme l écrit Stephan Blackburn, dieu merci les autistes sont la ,cool j aime bien ce mot ,point barre ce n est pas cool ,c est parce qu il n a pa acheté de nouvelles lunettes à 29 euros 90 que LE SIEUR MICHEL ONFRAY se trompe ,le moi oublie la raison qui la fait naitre