La grande question des années à venir est celle de notre renouveau productif. Car celui qui ne produit pas est toujours dans la main de celui qui produit. Ceux qui ne se soucieront pas de préparer les inventions, les produits et la richesse de demain, risqueront l’appauvrissement rapide. Si les Français veulent financer un bon niveau de retraite, de santé, d’éducation, de services publics, il faut d’abord reconstruire un socle industriel puissant.
La rente, voilà le véritable ennemi
Après avoir laissé distribuer des bonus aux traders, le moment est venu d’inverser les préférences collectives et de rémunérer le risque productif. Les rentiers qui gagnent leur vie en dormant, les monopoles privés qui essorent le travail des autres, l’actionnariat qui exige des niveaux de rentabilité démentiels, tous sont la France du lierre qui parasite et étouffe la France de l’arbre, et empêche celui-ci de croître. C’est cette France qu’il nous faudra affaiblir pour réorienter nos ressources dans la construction de la nouvelle société productive. Il ne s’agit pas de persécuter les actionnaires, mais au contraire de faire évoluer leur attitude et les ramener à l'utilité productive et industrielle. Ne soyons pas naïfs, dans une économie du renouveau productif qui appelle des investissements massifs, il faudra lever des fonds auprès d’actionnaires.
Une nouvelle alliance
Le moment est venu de construire l’alliance des producteurs avec les travailleurs contre les actionnaires : l’union des capitaines d’industrie et des salariés contre la confiscation du rendement et de la valeur de leur travail et pour un autre partage des richesses. C’est dans cette nouvelle alliance que nous trouverons les moyens de changer le travail. Pour cela, je défends trois propositions d’envergure : indexer les salaires sur les gains de productivité des entreprises afin de rétablir l’équilibre entre les salaires et dividendes ; faire entrer les salariés dans les conseils d’administration des sociétés avec voix délibérative ; rendre incompatibles les licenciements économiques avec la distribution de dividendes (si l'entreprise gagne de l'argent au point de distribuer une partie de ses bénéfices aux actionnaires alors dans ce cas elle n'a aucune raison de licencier).
Mais produire pour produire n’a pas de sens. Produire, ce n’est pas seulement fabriquer des biens, c’est organiser leur usage. Produire, c’est inventer la civilisation dans laquelle on veut vivre. Aux producteurs rassemblés avec les innovateurs et les travailleurs, je veux adjoindre les penseurs et les artistes. Une place doit leur être faite. Ils sont la condition de l’innovation. La création industrielle doit s’accomplir différemment, par l’incorporation des intelligences et savoir-faire et la recherche de l’innovation. C’est le mode de fonctionnement est celui des logiciels libres. La participation des utilisateurs et consommateurs a vocation à les améliorer sans cesse.
S’abonner
Connexion
0 Commentaires
Le plus ancien