Bolivie: la révolution Evo Morales | Mediapart

Si le gouvernement d'Evo Morales n'incarne pas l'alternative civilisationnelle fantasmée par certains, que représente-t-il ?

Evo Morales en 2009.
Evo Morales en 2009.© Simon Wedege/Creative Commons

Il s'agit d'abord d'un retour de l'État dans l'orientation de l'économie et d'un certain volontarisme que le vice-président Álvaro García Linera définit comme « national-productif ». La nationalisation du gaz (bien moins radicale qu'il n'y paraît), la renégociation des contrats d'exploitation avec les multinationales ont été le noyau dur d'un programme qui promeut de forts investissements en infrastructures.

D'après les chiffres officiels, les investissements publics sont passés de 600 millions de dollars à 3200 millions, dont 66 % à destination des zones rurales.

Parallèlement, on a un accroissement des transferts sociaux : allocations spéciales pour l'enfance, pour les personnes âgées, etc. Il s'agit en fait de sommes individuellement assez modestes mais qui ont un impact sur les couches les plus démunies. Les statistiques du gouvernement signalent que le taux de pauvreté est passé de 60,6 % à 49,6 % entre 2005 et 2010, et de 77,6 % à 65,1 % en zone rurale. La pauvreté extrême, elle, est passée de 38,2 % à 25,4 % (62,9 % à 44,7 % en zone rurale).

En même temps, on a une politique économique extrêmement prudente. L'échec d'une précédente expérience de gouvernement de gauche dans les années 1980, en grande partie causé par l'hyper-inflation et le chaos économique et financier, a visiblement marqué Evo Morales et ses collaborateurs. À cela s'ajoute une certaine aversion paysanne pour l'endettement excessif.

De fait, le gouvernement « socialiste » a « blindé » le ministère des Finances et la Banque centrale, où il a installé des technocrates menant une politique budgétaire assez orthodoxe. L'économiste brésilien Carlos Bresser Pereira appelle ça du « populisme responsable ».

Grâce aux prix élevés des matières premières (pétrole, gaz et minerais), la Bolivie bénéficie de réserves sans précédent, aux alentours de 9 milliards de dollars (les plus élevées par habitant d'Amérique latine), d'un excédent budgétaire, d'une croissance moyenne de 5 % par an et d'une inflation basse. Mentionnons aussi une excellente relation avec la banque privée. Bref, ces résultats lui ont même valu les félicitations du FMI!

Avec ça, et de façon assez contradictoire avec l'image internationale de bon sauvage écologiste d'Evo Morales, on a un imaginaire « développementaliste » très classique. Cela s'exprime par divers grands projets : construction d'infrastructures pétrochimiques et hydroélectriques, production de lithium, achat d'un satellite de communication à la Chine, etc.

via www.mediapart.fr

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