Bettencourt-Courbit: les secrets de l’opération «Saphir» | Mediapart

Jusqu'à présent, la justice rechignait à reconnaître l'état de faiblesse de la deuxième fortune française. Mais aujourd'hui, les médecins et la juge des tutelles constatent ensemble l'altération des facultés intellectuelles de la milliardaire. Et Stéphane Courbit ne s'attendait pas à la mise en cause de ce deal, conclu le 31 mai, avec le «protecteur» et l'avocat de Liliane Bettencourt, par ailleurs l'avocat d'une de ses sociétés, Pascal Wilhelm.

«Si Liliane Bettencourt veut reprendre sa liberté, elle la reprend, s'est exclamé Stéphane Courbit devant ses collaborateurs, vendredi. Sa fille salit tout le monde. Wilhelm passe pour le nouveau Banier, et nous pour avoir fait un deal pourri. On a déjà des familles (comme actionnaires – ndlr), et les Bettencourt sont les seuls qui ont une garantie de 12% de rentabilité. Si elle n'est pas d'accord, on déchire tout!»

Stéphane Courbit

Stéphane Courbit

Citizen Kane de la téléréalité, Stéphane Courbit, ancien patron d'Endemol, s'est diversifié dans l'électricité, dans les casinos virtuels, les jeux et les paris en ligne avec Rentabiliweb, Betclic, Poker.fr.

«Il a l'intelligence, l'audace, l'obsession d'un bâtisseur d'empire», a déclaré à son sujet l'influent Alain Minc dans Les Echos – Minc a 3% dans Financière Lov (la holding de Stéphane Courbit).

En obtenant, via l'un des avocats de son groupe, un apport financier considérable de Bettencourt, ce bâtisseur proche du pouvoir n'imaginait pas se laisser entraîner dans une nouvelle affaire d'abus de faiblesse. Pourtant, le calendrier de sa recapitalisation a suivi de très près celui de la dégradation de l'état de santé de la milliardaire.

2010, c'est l'année où Courbit a failli racheter, avec Publicis, la régie publicitaire de France Télévisions, dont la privatisation a finalement été abandonnée. A l'automne, l'homme d'affaires mandate discrètement une société spécialisée dans la recherche de fonds, Triago, pour opérer une recapitalisation. L'objectif est de «lever 150 millions d'euros». Le 5 octobre 2010, Triago remet un document intitulé «projet Saphir» aux investisseurs intéressés.

C'est ici qu'apparaît Me Pascal Wilhelm. L'avocat défend déjà Betclic, l'une des sociétés de Courbit, spécialisée dans les paris en ligne. «Il a eu accès à ce document, et il a évoqué la possibilité d'un investisseur», signale-t-on chez Courbit. Il est aussi le défenseur de Patrice de Maistre, conseiller financier de Bettencourt.

Version de l'avocat dans Le Figaro du 8 juin: «Stéphane Courbit et Liliane Bettencourt étaient déjà en discussion sur ce projet via ses précédents conseillers avant mon arrivée.» Version de Courbit, sensiblement différente, dans Le Figaro, le lendemain: «À l'automne, Pascal Wilhelm m'a parlé de Liliane Bettencourt et de son souhait d'investir. Il m'a présenté le responsable des investissements de Mme Bettencourt. C'est ainsi que nous nous sommes rencontrés.»

Quoi qu'il en soit, Cour

via www.mediapart.fr

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