Education: encore 16.000 postes en moins | Mediapart

Vu de la salle des profs, la pilule est difficile à avaler. Les syndicats dénoncent une «provocation». Mais pour certains enseignants, cela va plus loin. «Je me sens profondément insultée», dit Valérie Tribes. Cette professeur de français de 39 ans, vacataire puis contractuelle remplaçante pendant huit ans dans l'académie de Rennes, vient de quitter l'Education nationale, écœurée par un métier qu'elle a pourtant «adoré». Comme d'autres précaires, Valérie Tribes a appris en avril que son contrat ne serait pas renouvelé à la rentrée. «En un an, j'ai cumulé plus d'une dizaine de contrats. Si mon contrat n'est pas reconduit à la rentrée, c'est que je suis CDIsable… et qu'un CDI, ça coûte cher!», avance la jeune femme.

Des contractuels comme Valérie Tribes, Luc Chatel devra en embaucher quelque 3.000 pour parvenir à afficher en 2012 plus de recrutements (17.000) que de suppressions d'emplois (16.000). Car avec 3.000 nouveaux professeurs dans le premier degré, 8.600 dans le second, 1.000 enseignants dans l'enseignement privé et 1.300 personnels administratifs et techniques (si l'on reprend les chiffres des recrutements 2011), le compte n'y est pas. 

Cette campagne vise aussi à redorer le blason de la profession: le nombre de candidats aux concours est en baisse. 12% des inscrits en licence forment aujourd'hui le projet de devenir enseignants, soit une baisse de 11 points par rapport à 2005. Le recrutement au niveau master, les difficultés croissantes d'exercice du métier dans un contexte budgétaire restreint et la faible attractivité des salaires enseignants peuvent en partie expliquer cette désaffection. Il est donc impératif pour le ministère de renouveler son vivier d'enseignants.

Enfin, le nombre de postes inscrits aux concours enseignants connaît une baisse ininterrompue depuis cinq ans : 22.000 postes étaient ouverts en 2007, 18.600 en 2008, 15.600 en 2009, 15.125 en 2010 et 11.600 en 2011. L'évolution comparée des départs en retraite non remplacés (8.700 en 2007, 11.200 en 2008, 13.000 en 2009, 16.000 en 2010 et en 2011) explique ainsi parfaitement le besoin de recrutement sur lequel le ministère communique aujourd'hui.

Le plus étonnant dans cette communication ministérielle reste qu'en affichant 3.000 recrutements dans le premier degré pour environ 10.000 départs en retraite, le ministre annonce au final 7.000 postes non remplacés à l'école primaire… Les élus apprécieront le traitement différencié qu'on leur a promis.

via www.mediapart.fr

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