Une dictature est un régime dur parce que, dans des circonstances semblables à celles connues ces jours-ci en Birmanie, les dirigeants, pour le coup des généraux ("analphabètes"), n’hésitent pas à se ordonner des violences accrues contre les civils, puisqu’il faut le rappeler, en temps de "paix civile", une dictature se fonde déjà sur des violences, seulement moins massives. Mais quelles "démocraties" dans le monde peuvent certifier que, dans de telles circonstances, une révolte populaire, "sociale" comme ils disent, les dirigeants qui pensent et prétendent détenir une légitimité qui leur serait contestée dans les rues ne feraient pas, eux aussi, appel à l’armée, à des moyens de coercition ? La France serait-elle exemplaire d’un respect des droits de l’Homme et des droits civiques ? Il faudrait qu’elle le soit déjà, or, maintes situations prouvent que l’Etat français n’hésite pas à mettre en oeuvre des mouvements de coercition, violents, contre des citoyens, protestataires, en révolte, ou même qui ne font rien (cf. l’affaire Eunice Barber), mais qui ont le tort d’être au mauvais endroit et au mauvais moment, face à des policiers qui pensent "incarner la loi". En Birmanie, les civils et les moines ont choisi d’adopter et de suivre le principe de la non-violence, face à une dictature qui se fonde elle sur le jeu de toutes les violences possibles, pour maintenir au pouvoir des individus qui n’ont aucune légitimité pour le détenir. Non-violence versus violence, les perdants sont nécessairement toujours les mêmes, les souffrances, toujours les mêmes… Une question légitime est : pourquoi et jusqu’où les civils sont capables d’être des victimes qui perdent, parfois la vie, parfois des membres, enchaînent les défaites ? 60 ans après la Shoah, nous avons suffisamment de recul
pour comprendre comment les civils européens, juifs et autres, ont pu se laisser conduire à l’abattoir des camps d’extermination, à la mort. C’est que ces civils acceptent et reconnaissent l’autorité qu’ils subissent, qu’ils lui accordent une réelle autorité, même mineure, qu’ils ont, malgré tout, confiance en elle, en son caractère raisonnable. CQFD : les civils sont fous.
Comique de situation : "la communauté internationale appelle au calme", "demande de la retenue".