Arrêt sur images – « Les Tunisiens ont enfin pris leur information en main »

Face au silence des opposants politiques, c'est sur la toile que se sont portés le débat et la mobilisation, comme nous vous le précisions ici : "c'est complètement nouveau en Tunisie", souligne Belhassen. Elle raconte comment les blogueurs se battaient contre ce qu'ils appellent "Amar le censeur", nom donné à la censure tunisienne qui a bloqué, au départ, les pages Facebook. En face, le groupe d'internautes Anonymous a mené la bataille, le site gouvernemental a été détruit. "C'est un signe fort" souligne Belhassen. (Acte 2)

Retour sur le début des événements, le jeune Mohamed Bouazizi, chômeur, qui s’est immolé par le feu quand la municipalité lui a confisqué ses fruits et légumes, qu’il vendait sur le marché, son seul moyen de subsistance. C'était le 19 décembre. Pendant 10 jours, rien dans les journaux télévisés français. Nous nous étonnions ici. Les premiers sujets arrivent à partir du 30 décembre. Pourquoi cette longue mise en route des médias télévisés français? Les fêtes de fin d’année ? "Tant mieux," lance Ben Hassen: "jusque là, il y a toujours eu un sentiment de fatalisme, on ne peut rien dire sur place, les médias français se chargeront de communiquer. Là, c'est une révolution journalistique: les gens ont filmé les événements, ils ont fait du journalisme citoyen".

Quid du jeune chomeur immolé, devenu à présent l'icône des manifestations? L'ambassadeur de la Tunisie en France glisse, sur RTL, qu'il n'était pas diplomé, mais uniquement chômeur. Une chose est sûre, il était bachelier, souligne Belhassen, et payait ses études avec des petits boulots. "C'était un jeune qui faisait vivre toute sa famille" souligne Tuquoi. Etre au chômage en Tunisie, n'a pas forcément le même signification qu'en France, souligne Ben Hassen. Dans la société arabo-musulmane, c'est une question de "dignité", une "cause de déshonneur" pour le père de ne plus pouvoir faire vivre sa famille, et "une honte pour les filles et les garçons sans emploi de devoir encore demander de l’argent à leurs parents." (acte 3).

Pour Latrous, les manifestations ne sont pas seulement un mouvement populaire. C'est aussi la classe bourgeoise qui veut plus de liberté, celle, par exemple, de créer son entreprise, sans passer par lacorruption. Belhassen se dit surprise, effectiivement, de voir des proches du pouvoir participer au mouvement via internet. Mais, même si des gens aisés y ont participé, cela reste une "vraie révolte du peuple" estime Ben Hassen.

Quid de l’opposition? Aucun opposant polique tunisien n'a réagi pour soutenir les manifestations, constatent nos invités. "Les partis d'opposition étaient débordés, ils n’ont pas canalisé le mouvement", constate Belhassen. Ils étaient "en marge, n’ont même pas eu la force de l’accompagner". Pour Ben Hassen, les politiques ont fait un travail de défenseur des droits de l’homme, pas un travail de politique : il manquait un programme, un leadership politique. Tuquoi confirme : Le Monde n'a reçu que très tardivement des contributions de l'intérieur du pays. Les vrais opposants sont en exil en France, explique le journaliste. Ceux qui osent dénoncer le népotisme de la famille au pouvoir sont en prison ou en exil, ajoute Belhassen.

Et la menace islamiste, brandie dans la communication du pouvoir benaliste ? Ils ont été chassés du pays à l'arrivée de Ben Ali. Le président affirme qu'il est un rempart contre leur retour. Latrous se demande si l'occident est prêt à courir le risque de voir une déstabilisation de la région par ces islamistes. "Une des forces de ce mouvement, est de montrer que le message des islamistes ne prend pas en Tunisie", tranche Belhassen. (Acte 4)

Pendant les premiers jours, les seuls

via www.arretsurimages.net

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