Le
21 Novembre, la Cour d'Appel de Paris a confirmé la 1ère décision,
du 11 janvier 2011, du TGI de Paris, suite à la plainte des
héritiers Renault contre l'Etat, qui vise l'ordonnance de
nationalisation de Renault, à savoir la non transmission d'une
requête de QPC, que l'ordonnance n°45-68 du 06/01/1945 a valeur
législative et ne peut être mise en cause en tant que voie de fait.
La réhabilitation, morale, sociale, historique, ET financière, est
pour l'heure mise en échec. Cette démarche s'inscrit dans une série
d'intentions et d'actions qui ont visé et viseront à réhabiliter
des personnes qui, pendant et à la fin de cette guerre, ont été
parfois jugées et souvent condamnées pour leurs propos, leurs
choix, leurs actions, en faveur d'une secte d'assassins. Avant
d'examiner les connaissances et les analyses que Madame Annie
Lacroix-Riz porte à notre attention par cet ouvrage de confirmation,
il faut interroger son titre, «L'histoire
contemporaine toujours sous influence». La
polysémie du terme principal, «l'histoire» est à la fois une
source de difficultés mais aussi de principes de connexions entre
des champs différents, qu'il faut éclairer. C'est que
l'Histoire-vie précède l'Histoire-mémoire. L'Histoire des faits,
des actions, des rapports de force, des évolutions, se crée, se
fixe, se fige, et, une fois devenu le marbre du Temps passé, est,
selon ce qu'en pensent, ressentent, disent les vivants, mémoire –
ou non. Quelle que soit la mémoire en question, instantanée,
individuelle, collective, la mémoire est sélective, et
l'Histoire-mémoire propose précisément une action de réparation
contre cet oubli, bref ou durable, en s'ouvrant à la totalité des
acteurs et des actions en jeu. Certaines «périodes historiques»,
arbitrairement découpées sur des dates, des années, des mois, des
jours, même objectivement significatifs, comme «la Seconde Guerre
Mondiale», «1939-1945 » comportent tellement de faits
fondamentaux qu'un récit honnête ne peut se permettre de laisser de
côté tel ou tel aspect, tel ou tel fait, telle ou telle
personnalité, sans compter que cette période ne peut se comprendre
sans ses causes antérieures. La périodisation de «l’État
total», de «l’État totalitaire» n'est pas simple, d'autant que
les spécialistes, les «experts historiques» préfèrent les
segments courts, qu'ils peuvent narrer, présenter et expliquer, avec
des certitudes, plutôt que les segments et cycles longs, alors que,
dans le cas précisément de cette problématique il faudrait faire
démarrer celle-ci avec l’État religieux du Vatican, et sa sphère
d'influence, européenne, puis mondiale, pour la faire terminer en
1945 et dans les années qui ont suivi. D'ailleurs, c'est à tel
point que cette périodisation/problématisation n'est pas du tout
envisagée dans les courants historiques, précisément en raison de
l'influence vaticane en Europe et dans le monde. Mais faut-il le
déplorer, ou le constater, et éventuellement, s'y opposer si nous
le jugeons nécessaire ? Ne voulons-nous pas nous aussi faire
que l'histoire contemporaine soit sous notre influence ? C'est
que cette influence va de l'Histoire-vie-évènements à
l'Histoire-mémoire, soit dans le même temps, soit dans un temps
décalé, et le plus souvent dans les deux temps. L'influence peut se
définir par la capacité réalisée d'introduire une modification
dans un ensemble de forces qui, sans cette capacité réalisée,
auraient eu un comportement différent. L'influence, le fait de
produire un flux, est un fait universel, fondamental. Notre existence
peut se définir par le cumul de ces influences, de détermination,
subies, d'intention, causées. L'Histoire-vie-évènements est
elle-même une série d'influences, bonnes, mauvaises, neutres, qui
parfois s'additionnent, ou s'annulent, etc. Et par conséquent,
l'Histoire-mémoire l'est aussi. Reste que par «elle», par ce que
sont ses narrateurs, un principe général de vérité s'impose,
intrinsèquement, et par la nature même de son expression, le fait
qu'elle soit entendue, reçue, intégrée, «validée» ou non par
ses «récepteurs», ses auditeurs, ses lecteurs. Il va de soi pour
chacun que l'Histoire-mémoire n'est pas et ne peut être de la
fiction, comme si on pouvait utiliser les romans dans un tel cadre et
inversement. Il est arrivé que ce qui était présumé «fictifs»,
«mythologiques», «légendaires», se révèlent «historiques» :
Troie est ainsi passé du statut de cité rêvée par Homère à une
strate dans le sol de l'actuel Turquie, et qu'une part des événements
de l'Iliade et de l'Odyssée sont des échos d’événements qui se
sont déroulés dans un monde où les moyens d'inscription dans le
temps présent et passé étaient, hors la mémoire individuelle et
collective, hors l'écriture qui arrivera postérieurement,
inexistants, alors que nous avons des outils techniques fondamentaux
pour cela. Reste que si (…)
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