Entretien Alain Badiou (1)
envoyé par rue89
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« … la venue de ce dont
Sarkozy est le nom, vous la ressentez comme un coup que cette chose
vous porte, la chose probablement immonde dont le petit Sarkozy est le
serviteur. »
A l’heure où les intellectuels médiatiques rivalisent de servilité et
où les universitaires reclus dans leur tour d’ivoire peinent
(volontairement ?) à se faire entendre, un petit ouvrage coup de poing,
défoulant et stimulant de la trempe de celui d’Alain Badiou est des
plus appréciables. On passera sur le personnage, jugé mégalo, agaçant,
fasciné par Mao, etc., pour se centrer sur ce qu’il dit ici. Synthèse
de quelques points essentiels d’un ouvrage à lire.
De quoi Sarkozy est-il le nom ? Du « pétainisme »
L’analyse centrale de Badiou porte sur le « pétainisme » comme « transcendantal de la France ». Un « transcendantal » est quelque chose qui « sans apparaître à la surface (…) configure de loin, donne la loi et son ordre, à une disposition collective
». Sarkozy serait ainsi la manifestation actuelle d’une subjectivité de
masse proprement française, que l’on retrouve périodiquement et sous
diverses formes dans l’histoire (dans la Restauration monarchique
post-révolutionnaire de 1815, dans l’après-Commune de 1871, dans le
régime de Vichy en 1940), et que Badiou se propose de nommer, à défaut
d’autre terme et dans une visée bien évidemment pamphlétaire, «
pétainisme ». Plusieurs traits le caractérisent.
Ce que Badiou nomme « pétainisme » est la forme étatisée, catastrophiste, de la « désorientation
» : il se présente comme un tournant majeur en manipulant l’idée de «
révolution » (Pétain) ou de « rupture » (Sarkozy) alors même qu’il est
une capitulation et une soumission ici à l’étranger, là au capitalisme
mondialisé : « La "rupture" est en réalité une politique de la
courbette ininterrompue, qui va se présenter comme une politique de la
régénération nationale. C’est là une désorientation typiquement
pétainiste : la servilité devant les puissants du jour (…) est nommée
par le Chef la "révolution nationale" ! »."