Pour le Crédit agricole, c’est un accident industriel. Pressée par des fuites, la banque s’est décidée ce matin à annoncer, avant ses résultats prévus fin février, une vaste opération de nettoyage des comptes. Le conseil d’administration a entériné une dépréciation des actifs de la banque de plus de 2,6 milliards d’euros. Ajouté à d’autres éléments exceptionnels comme la réévaluation des dettes ou des charges fiscales, le total de ces pertes comptables s’élève à 3,8 milliards d’euros pour le seul quatrième trimestre.
Les trimestres précédents avaient déjà été marqués par les déboires d’Emporiki, la filiale grecque de la banque – dont le bilan avait été multiplié par six en trois ans pour atteindre 20 milliards d’euros –, les mécomptes sur les dettes souveraines et autres déconvenues bancaires. La banque affichait déjà une perte nette de 2,48 milliards d’euros pour les neuf premiers mois. Sans grand risque de se tromper, le milieu bancaire annonce des pertes historiques pour le Crédit agricole en 2012. Autour de 5 milliards d’euros minimum, estiment les financiers.
L’ennui, c'est qu'il ne s'agit pas du premier accident industriel pour le Crédit agricole. En 2008, la banque avait dû lancer dans l’urgence une augmentation de capital de 6 milliards d’euros pour faire face à des pertes sur les marchés et l’effondrement de ses fonds propres. En 2011, elle avait enregistré une perte de plus de 1 milliard. Même si la banque est considérée comme un mastodonte insubmersible, cette accumulation de déficit commence à faire beaucoup.
« Le Crédit agricole paie sa folie des grandeurs passée », relève un observateur. Depuis son changement de statut dans le milieu des années 1990, la banque, alors dirigée par Georges Pauget, a multiplié les acquisitions hors de prix. Banque de dépôt classique, elle entendait devenir à toute vitesse une banque universelle internationale avec un grand pôle d’activités financières. Elle prit ainsi le contrôle de la banque Indosuez, de Calyon, du Crédit lyonnais, se développa en Espagne, en Italie, en Ukraine, en Égypte, en Serbie, et chercha à s’aventurer dans les métiers de la « haute finance ».
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via www.mediapart.fr