A Madrid, une «marée blanche» contre les privatisations d’hôpitaux | Mediapart

À peine franchi le hall d'accueil, le visiteur est prévenu : « L'hôpital de Vallecas est à vendre. » Photocopiée des dizaines de fois, l'affiche barre les murs du rez-de-chaussée jusqu'à saturation. « Au départ, les services de propreté les enlevaient. Puis nous leur avons expliqué qu'à chaque feuille retirée, on en ajouterait trois autres… Depuis, ils nous laissent faire », se félicite Paloma Parrilla.

Cette aide-soignante de 48 ans, jean bleu et blouse blanche, est l'une des animatrices de la contestation qui s'est emparée de l'hôpital depuis l'automne dernier. L'avenir de ce complexe médical, ouvert en 2008 sur les hauteurs de Vallecas, un quartier populaire de la banlieue sud de Madrid, s'est trouvé brusquement mis entre parenthèses. Il fait partie des six hôpitaux publics de la région que l'exécutif madrilène veut privatiser.  

Au nom des nécessaires économies à réaliser en temps de crise, Ignacio Gonzalez, le président de la communauté de Madrid, a défendu fin octobre son projet de réforme qui est parvenu, en quelques jours à peine, à braquer tous les professionnels de la santé. Pour se justifier, l'exécutif a avancé deux chiffres : le coût moyen d'un patient dans un hôpital géré par le secteur privé s'établirait à 441 euros à l'année – contre 600 dans le public. Il faudrait donc privatiser à tout va pour limiter la casse budgétaire. Si le plan aboutit, la proportion de lits d'hôpitaux gérés par le privé, à Madrid, passera de 3 % aujourd'hui à 30 %.

Depuis, la colère des blouses blanches gronde dans la capitale, alors que la crise sociale (25 % de chômeurs) ne faiblit pas. Cinq manifestations spectaculaires, mêlant professionnels et usagers, se sont emparées des rues de la capitale. Ce sont les forces vives de la « marée blanche » (voir des images du 18 novembre dans la vidéo ci-dessous), comme on surnomme ce mouvement inattendu, qui se déroule en parallèle aux manifestations d'enseignants contre les coupes budgétaires (la « marée verte ») ou des travailleurs du social (la « marée orange »).

Pour Paloma Parilla, le plan d'octobre fut un choc. Elle avait accepté, en 2008, de laisser son poste d'infirmière dans un grand hôpital public du centre de la capitale, pour rejoindre celui, flambant neuf, de Vallecas, plus proche de son domicile. Si l'hôpital est privatisé, elle devra sans doute quitter les lieux, sans la garantie de retrouver rapidement une affectation.

Depuis 2008, elle a pourtant accepté les efforts budgétaires sans râler. Elle a fermé les yeux sur la baisse de son salaire année après année. À l'heure des comptes, l'addition est salée. Il y a d'abord eu, en 2009, la baisse de 5 % du salaire de tous les fonctionnaires d'Espagne, sur décision du gouvernement de José Luis Rodriguez Zapatero. Depuis, les rémunérations ont été gelées. Mais Paloma a aussi perdu l'an dernier son « 14e mois », soit 1 200 euros, cette fois sur décision des autorités régionales, à Madrid. « Ils présentent cela comme une paie “extra”, pour Noël. Mais dans les faits, c'est bien le quatorzième de mon salaire annuel qui a été supprimé », explique-t-elle. 

Depuis l'an dernier, elle doit travailler 112 heures de plus sur l'année, à rémunération égale. Sont aussi passés à la trappe un éventail d'avantages liés à son statut de fonctionnaire. Paloma, mère de trois enf

via www.mediapart.fr

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