L'affaire aurait dû en rester là. Mais de nouvelles disputes sont apparues, cette fois au sein des dirigeants de l'époque. Embarqués dans des montages d'intéressement complexes, tous ceux qui étaient partie prenante espéraient sortir riches de l'aventure. Au final, trois seulement ont gagné: Jean-Bernard Lafonta, Ernest-Antoine Seillière et Bernard Gautier, membre du directoire. Tous les autres ont non seulement perdu tout espoir de gain mais ressortent ruinés. Contestant cette situation qui lui a fait perdre plus de 6 millions d'euros, Arnaud Desclèves, directeur juridique de Wendel à partir de 2002, s'est retrouvé mis à pied puis licencié pour faute en juin 2009. Avec l'aide de ses conseils, Mes Jean-Pierre Versini-Campinchi et Alexandre Merveille, il a décidé de porter le litige devant le tribunal de commerce de Paris, le 16 décembre prochain. Auparavant, il a apporté un témoignage décisif auprès de l'Autorité des marchés financiers (AMF) sur la prise de contrôle rampante de Wendel sur Saint-Gobain, qui est en jugement actuellement.
Placé au cœur du dispositif, Arnaud Desclèves met à nu toutes les pratiques des dirigeants de Wendel. Toute une partie du dossier, qui était restée obscure après les révélations de Sophie Boegner (voir la bonne fortune du baron Seillière), se retrouve en pleine lumière. Mais au-delà de Wendel, ce sont d'un seul coup, au travers de cette histoire, toutes les coulisses du private equity (fonds d'investissements dans les sociétés non cotées), cet eldorado vers lequel tous les financiers se sont précipités à partir de 2000, qui s'éclairent. On y découvre les gesticulations obsessionnelles des dirigeants pour échapper au fisc, les enrichissements à la vitesse de la lumière pour les dirigeants et tous ceux qui sont associés à la partie, les coups fourrés et les secours des paradis fiscaux. C'est une plongée dans une partie du capitalisme le plus secret, le plus discret.
L'histoire commence en 2002. Jean-Bernard Lafonta vient
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