Victimes d’un harcèlement moral et d’un mépris comparables à ceux dont les salariés de France Télécom ont tant souffert, ces profs qui changent de métier – Libération

«Les conditions étaient devenues trop indignes». Après vingt-cinq années de bons et loyaux services, d'abord comme instit' puis comme professeur spécialisé pour élèves en difficultés [Rased], Sylvie1, 48 ans, a rendu son tablier. Le métier la passionnait pourtant. Mais avec la suppression programmée de milliers de postes, l'ambiance n'a fait que de se dégrader dans son réseau d'aide aux élèves de la Sarthe.

«Dans un système qui se délite, on est la proie des gens qui dysfonctionnent. Un directeur d'école faisait passer toute sa haine sur nous. On nous a clairement dit que nous allions être "supprimés". On nous harcelait, il fallait nous écraser». Désabusée, Sylvie a fini par tout lâcher. Cette année, elle fait sa rentrée non plus comme prof, mais comme étudiante dans un centre de formation pour devenir orthophoniste.

Comme Sylvie, ils seraient de plus en plus nombreux à tourner le dos à l'Education nationale. Mais le sujet est pour le moins tabou. Si le ministère admet qu'à la rentrée 2010, 66 professeurs stagiaires avaient démissionné dès le mois de novembre, soit 32% de plus que l'an passé, il se refuse à communiquer d'autres chiffres.

«Les abandonner, c'est terrible !»

«Cela devient un véritable secret d'état, estime Christophe Barbillat, secrétaire national chargé de l'emploi au Snes (Syndicat national des enseignements). On nous dit que c'est stable, mais de plus en plus de nos collègues se manifestent auprès de nous pour savoir comment démissionner».

Arrêts maladie de longue durée, mise en «disponibilité pour convenance personnelle»… Les démissions qui ne disent par leur nom ne font, elles aussi, qu'augmenter selon le syndicaliste, qui attribue le phénomène à la «dégradation croissante des conditions de travail».

Mais quitter le «mammouth» ne se fait pas sans douleur. «J'ai le sentiment d'avoir abandonné les élèves au moment où ils avaient le plus besoin de nous, témoigne Sylvie. C'est terrible !»

Elodie, elle, n'avait pas de complexe à quitter sa profession pour se lancer dans la couture. Fille d'enseignants, elle avait passé le Capes «sans réfléchir» pour devenir professeur d'histoire-géo, avant de se rendre compte que le «moule» du système éducatif ne lui convenait pas. Elle a donc décidé d'ouvrir son propre atelier de couture, pour exercer sa vraie passion, tout en continuant à enseigner à des jeunes. «J'ai retrouvé une liberté d'action totale !» se réjouit-elle à présent.

Comme beaucoup d'enseignants, elle a pourtant eu affaire à un rectorat rétif à sa démission. «On m'a dit que j'avais une attitude individualiste. Et on m'a conseillé de me mettre plutôt en disponibilité. Avec le recul, je trouve ça paternaliste, voire infantilisant».

Partir avant d'être «aigri»

via www.liberation.fr

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moustik2
moustik2
13 années il y a

dysfonctionner je crois que beaucoup de gens dysfonctionnent dans des attitudes totalitaires n ayant de totalitaire que leur impuissance face à ce systéme ,il faut bien faire passer ses frustrations de ce que l on à cru et devenu si décevant de conception dans sa propre conscience ,les gens sans conscience n ont pas ce probléme il s autorise à penser ce qu il sont incapable de mettre en oeuvre invoquant leur professionnalisme qui est égal à leur narcissisme ces gens sont dans le relatif incapable de penser la construction mais estime que leur statut si précaire leur permet d opposer toute forme d intelligence à leur bétise ,je m égard peut étre c est une habitude lorsque je parle les gens arrivent à s endormir bercer par la boucle jamais boucler et toujours en suspend ,j avais dit il faut investir c est encore plus vrai que jamais , »un ouvrier à toujours de mauvais outils » mais si il n y a plus d ouvriers on efface ce sens pour retrouver la logique investir dans le néant libéral, le véritable individualisme qui contamine ;l école comme je l ai connu me laisse de bon souvenir on avait des encriers car nous écrivions à la plume est que j ai été un cancre longtemps on trempait le papier buvare dans l encre et on le projetait avec le double décimétre on ne pouvais pas se faire prendre à ce jeu car le directeur nous convoquait c était avant avec les vieilles métodes et nous étions tous habillé avec des tabliers gris

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