Les
manifestants de la Puerta del Sol à Madrid, les jeunes Grecs qui
manifestent chaque soir à Athènes ne sont pas des millions. A Paris,
les «Indignés» de la place de la Bastille ne sont même que quelques
centaines chaque soir (et ils furent quelques milliers dimanche 29 mai).Ce mouvement inédit, lancé de façon spontanée, avec Facebook et Twitter comme principaux relais, pose plus de questions qu'il n'en résout:
quels mots d'ordre? Quelle organisation? Quels buts? Si les
manifestants espagnols appellent déjà à une grande journée de
protestation «mondiale» le 15 octobre pour
tenter d'entretenir la flamme, rien ne dit qu'à cette date-là, les «Indignés» européens n'auront pas replié les banderoles.N'empêche:
même s'il finit en queue de poisson, ce mouvement lancé mi-mai en
Espagne, dont quelques jeunes Portugais avaient
posé la première pierre en mars, est d'abord un cri générationnel que
nos élites politiques et économiques auraient tort d'ignorer. A
commencer par les partis de gauche et les syndicats, dans lesquels bien
des manifestants n'ont plus confiance.Evidemment,
cette vague de contestation transnationale est d'abord une réaction à
la crise, et aux violents plans d'austérité imposés dans certains
pays.Les
moins de 30 ans ont été touchés violemment par la forte hausse du
chômage depuis 2008. Dans les 34 pays de l'OCDE (les plus riches), le
taux de chômage des 15-24 ans a augmenté deux fois plus vite que celui
des adultes, si bien que l'organisation évoquait en 2010 le risque
d'une «génération sacrifiée». Mais l'Europe du sud a particulièrement souffert. En
Espagne, le chômage des moins de 25 ans dépasse 44%. C'est 39% en
Grèce, 28% en Italie, 21% au Portugal (voir notre carte). En France,
il concerne près d'un jeune sur quatre – beaucoup, néanmoins, font des études et ne recherchent pas immédiatement un emploi.Les indignés en Europe — Cliquez sur la carte pour l'afficher:
Selon
l'OCDE, «entre 30-40 % des sortants de l'école sont (…) plus
particulièrement à risque»: peu diplômés, pas qualifiés, leurs chances
d'entrer u
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