Autant on peut être toujours sûr de la langue de bois avec les
socialistes, autant on ne peut pas reprocher aux écolos de ne pas la pratiquer.
Alors, à la question de savoir quelle avait été la réalité de ses discussions
avec l'ancien ministre de l'environnement, alors qu'il hésitait
encore à se lancer, Hulot marque un temps de silence. Puis répond avec une
franchise désarmante: «Honnêtement… J'ai pensé pendant un court temps
faire un tandem avec lui. Mais ce n'était pas envisageable, car je suis obligé
de tenir compte de la culture d'Europe-Ecologie/Les Verts.»Puis il enchaîne, alors que les sourcils journalistiques
s'élèvent et tandis que les esprits percutent le caractère plus si
anodin de la discussion: «A ce stade, il est moins envisageable d'être
avec lui que de faire un partenariat avec les socialistes. Mais on est à dix, onze
mois de la présidentielle… On peut aussi se dire que le temps de l'écologie est
venu.» Intervient alors Jean-Paul Besset, l'eurodéputé et ancien directeur de
la Fondation Nicolas Hulot, proche de longue date : «Allez, on va se
coucher.»Sitôt parti, les mines se décomposent quelque peu chez des
élus Verts, et Pascal Durand se presse pour tenter de déminer le terrain :
«Le problème de Nicolas, c'est qu'il ne voit pas Borloo comme un homme de
droite, mais comme un centriste, un “Bayrou-bis”. Parce que quand il nous
parle, Borloo se fait passer pour un mec du centre. Et que Bayrou, comme le
disait Dany Cohn-Bendit, on n'a jamais refusé l'alliance avec lui. Mais il faut
que Nicolas arrive à être enfin clair sur Borloo.»Las, le virage trop large de Hulot est en train de l'envoyer
au fond du vieux port de La Rochelle, où se répand déjà la dépêche AFP sur les
smartphones des congressistes écolos attablés en terrasse, et pas franchement
ravis de l'information.
via www.mediapart.fr
