Caroline Duret a passé huit ans chez UBS France sans avoir grand-chose d’une banquière. Ses anciens collègues sourient dès qu’on les interroge sur ses compétences financières. Si l’entreprise l’a recrutée en 2001, c’était plutôt pour son carnet d’adresses, farci de stars du ballon rond et des médias. Dans ses notes de frais, Caroline Duret facturait aussi bien des agapes avec le footballeur « A. Boghossian » qu’avec « Patrick Bruel + Amanda » ou « Bedos et Madame ».
Pendant trois ans, chez UBS France, c’est elle qui a piloté l’unité baptisée « SEG » (« Sports and Entertainment Group »), une mini task-force de trois personnes créée pour draguer le show-business hexagonal, en particulier les footballeurs et les jockeys – plus de 20 millions d’euros gérés pour 89 clients enregistrés.
Supprimé fin 2004 à l’issue d’un audit interne qui a révélé de graves dysfonctionnements (aux yeux mêmes de la banque), le « SEG » et ses mécanismes sont aujourd’hui décortiqués par les enquêteurs en charge de l’information judiciaire ouverte en avril 2012 contre UBS.
Depuis le 31 mai, la filiale française est non seulement mise en examen pour complicité de démarchage illicite (des commerciaux suisses ayant outrepassé leurs droits en France), mais aussi placée sous le statut de témoin assisté pour « blanchiment de fraude fiscale » – UBS Suisse a également été mise en examen le 6 juin pour « démarchage illicite ». La justice soupçonne UBS France d’avoir incité, sous la supervision de sa maison mère, des Français à ouvrir des comptes en Suisse non déclarés et d’avoir couvert ces agissements grâce à une comptabilité occulte très organisée (les fameux « carnets du lait »).
À ce petit jeu, le « SEG »
via www.mediapart.fr