Europe: la stratégie de la destruction | Mediapart

C’est une descente aux enfers. Elle ne concerne pas que la Grèce mais l’ensemble de l’Union européenne, ce qu’il était convenu de désigner comme « le plus grand espace démocratique » au monde. Le lock-out sauvage de l’ensemble de l’audiovisuel public grec et de ses 2 700 salariés n’est pas qu’un nouvel épisode spectaculaire de l’interminable crise grecque. Il vient souligner combien, depuis 2009, le déroulement implacable des politiques d’austérité détruit jusqu’aux fondements mêmes de nos sociétés démocratiques.

Car même en s’abritant derrière les particularités du contexte politique grec, en prenant note du coup de poker tenté par le premier ministre conservateur Samaras, la décision de fermer toutes les radios et chaînes de télévision publiques vient piétiner l’ensemble des lois, réglementations et recommandations européennes. Cela ne rend que plus scandaleuse la réaction de la commission européenne, ce mercredi.

Devant le siège de la radiotélévision publique grecque ERT, à Athènes.Devant le siège de la radiotélévision publique grecque ERT, à Athènes.© (Reuters)

Plutôt que de s’indigner de ce coup de force sans précédent dans l’histoire de l’Union européenne, la commission a dit « prendre note », dans un communiqué de douze lignes (il est à lire ici). Elle a certes rappelé le rôle indispensable d’un service public audiovisuel dans une démocratie, mais pour mieux souligner la nécessité « d’efforts pour améliorer l’efficacité » des services publics grecs. Et de préciser qu’elle ne peut interférer dans la manière de « gérer » ces services. En un bref communiqué, la commission validait ainsi les embryons d’explications donnés par un porte-parole du gouvernement grec qui justifiait la fermeture d’ERT par la nécessité d’en finir avec « la bureaucratie, le gaspillage, l’inefficacité »

La commission aurait mieux fait de s’indigner de la procédure d’exception mise en place : un simple décret ministériel signé par seulement deux ministres, le refus de deux autres ministres concernés, pas de délibération en conseil des ministres et ne parlons pas du Parlement tenu à l’écart ni des salariés et syndicats ignorés… La commission aurait surtout dû rappeler combien depuis plus de vingt ans, l’existence d’un service public audiovisuel fort et indépendant des gouvernements est un des critères majeurs d’appartenance à l’Union européenne. Il a d'ailleurs été au cœur de plusieurs négociations d'adhésion de pays d'Europe centrale…

Un texte, déjà vieux de seize ans, a permis de l’inscrire dans les traités de l’Union : il s’agit du Protocole sur l’audiovisuel public annexé au traité européen d’Amsterdam de 1997.

Dans ce protocole, qui reprend des éléments de la convention européenne des droits de l’homme et plusieurs recommandations du Conseil de l’Europe, il est très explicitement écrit : « Le système de l’audiovisuel public dans les États membres est directement lié aux besoins démocratiques, sociaux et culturels de toute société et au besoin de préserver le pluralisme des médias. » La phrase peut sonner comme une évidence. Elle ne l’est pas tant elle fait de l’existence d’un audiovisuel public un

via www.mediapart.fr

0 0 votes
Évaluation de l'article
S’abonner
Notification pour
guest
0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Translate »
0
Nous aimerions avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x