UBS : au cœur du « démarchage illicite » | Mediapart

C’est un choc qui ébranle un peu plus l’empire UBS. Après sa filiale française mise en examen vendredi 31 mai pour complicité de démarchage illicite, c’est au tour d’UBS AG, la maison-mère suisse, d’être poursuivie par la justice. Le groupe bancaire suisse a été mis en examen pour démarchage illicite. Il est soupçonné d'avoir mis en place en France un système de démarchage illégal de clients, les incitant à ouvrir des comptes non déclarés en Suisse à partir de 2000.

L’enquête ouverte en avril 2012 par les juges Guillaume Daïeff et Serge Tournaire sur un système d’évasion fiscale mis en place en France par UBS a déjà conduit à la mise en examen de l’ancien directeur général d'UBS France, Patrick de Fayet, d’un ancien dirigeant du bureau d'UBS à Lille et d’un cadre salarié d'UBS à Strasbourg. Par ailleurs, comme l’a révélé Le Monde, une liste de 353 personnes soupçonnées d’avoir détenu un compte en Suisse a été transmise par les juges au fisc français. Ce dernier a adressé une demande de coopération élargie aux services fiscaux suisses.

À partir de la création en 1999 d’UBS France, spécialisée dans la gestion de fortune et de patrimoine, la France est devenue un terrain de chasse  pour les chargés d’affaires français, mais aussi suisses. Ces derniers, basés à Bâle, Genève, Lausanne ou Zurich ne cessent de passer la frontière pour aller prospecter de nouveaux clients. Golf, opéras, galas, tournois de tennis… Mediapart a raconté (voir la chasse aux riches façon UBS) la stratégie pour attirer les grandes et moyennes fortunes françaises et faire miroiter à leurs propriétaires tous les avantages de dépayser leurs avoirs en Suisse.

La loi française interdit à tout établissement bancaire étranger de venir prospecter sur le territoire français. UBS le rappelle officiellement dans ses documents internes, pour mieux donner ensuite les consignes pour contourner la loi. Cela se passe parfois avec l’accord de la filiale française, parfois sans. Zurich, Bâle ou Genève envoient sans précaution la liste de leurs clients français qu’ils souhaitent voir inviter.

Le sentiment d’impunité est tel que les chargés d’affaires suisses ne se cachent même pas. Ils sont partout, à Lyon, Strasbourg, Bordeaux, Lille, Nantes, arborant un discret insigne à la boutonnière afin de permettre de les distinguer des clients mais aussi des chargés d’affaires français.

Ces soirées se ressemblent toutes. On y voit des couples, verre de champagne à la main, entourés d’un chargé d’affaires qui les couve du regard, souriant au photographe, comme il sied dans toutes les manifestations de gens fortunés couvertes par Point de vue, Images du monde ou Paris Match, vedettes et têtes couronnées en moins. Notre diaporama reprend quelques-unes des nombreuses photos dont nous disposons sur ces nombreux événements.

Toutes ces photos attestent que les chargés d’affaires suisses sont bien là, en présence de clients ou prospects français. Sur les deux premières photos de notre diaporama, prises le 14 avril 2005 à l'opéra de Nantes, figurent Olivier Baudry, l'un des responsables du département France international, chargé depuis la Suisse les grandes fortunes françaises, aux côtés de Pierre Poyet, président du directoire d’UBS France et de Patrick de Fayet, directeur général d’UBS France. Sur la seconde, on le retrouve le 7 mars 2007 à la salle Pleyel à Paris, en compagnie de Dieter Kiefer, directeur de la gestion fortune pour l’Europe de l’Ouest. (Les noms avec des initiales dans le diaporama sont ceux de chargés d'affaires suisses d'UBS présents lors de réunions en France)

via www.mediapart.fr

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