Tunisie : de la révolution… à la démocratie ! | Rue89

Alors que le nombre de partis politiques continue de croître (déjà plus de 100 ! ) et avec lui celui des débats – tantôt cruciaux et productifs, tantôt purement politiciens et malheureusement stériles – de nombreux ministres et cadres du régime de Ben Ali sont toujours en poste dans le gouvernement provisoire.

Dernièrement, plusieurs anciens ministres impliqués de manière directe dans différentes affaires ont été acquittés et la permission a été accordée à certains symboles du régime déchu de quitter le sol tunisien. D'autres rumeurs s'ajoutent à ces faits et laissent craindre un retour en force du système corrompu que le peuple tunisien a vigoureusement rejeté au cours de la révolution qui, rappelons-le, a coûté la vie à plusieurs manifestants.

Dans ce contexte, il est impérieux que les partis politiques prétendant au pouvoir se penchent avec sérieux et application sur les grands défis qu'il faudra relever pour instaurer une démocratie durable en Tunisie.

Quelles que soient les formations politiques qui remporteront les scrutins à venir – ceux de l'Assemblée Constituante du 23 octobre puis ceux des élections qui suivront – les chantiers seront en effet identiques car la priorité pour la démocratie tunisienne balbutiante est de se construire un socle de stabilité reposant sur les quatre piliers suivants.

La lutte contre la corruption.

La corruption est un fléau qui entretient un lien viscéral avec la tyrannie. En 1549, Etienne de La Boétie, poète et écrivain humaniste français, s'interrogeait déjà sur les raisons qui expliquent que « tant d'hommes, tant de bourgs, tant de villes, tant de nations endurent quelquefois un tyran seul, qui n'a de puissance que celle qu'ils lui donnent ».

Sa réflexion l'amène au constat que dans une tyrannie, il se trouve toujours une partie corrompue de la population qui trouve son intérêt dans le maintien du tyran :

« 5 ou 6 ont eu l'oreille du tyran […]. Ces 6 ont 600 qui profitent sous eux, et qui font de leurs 600 ce que les 6 font au tyran […] ces 600 en maintiennent sous eux 6000 … ».

La corruption permet donc à la tyrannie de perdurer. Mais une fois le tyran déchu, tout n'est pas gagné car la corruption a ceci de terrible qu'elle gangrène durablement la société dans laquelle elle s'est propagée, au point d'entrer dans les mœurs. S'en défaire réclame non seulement de la justice un assainissement minutieux et déterminé des affaires passées, mais également une prise de conscience individuelle de chaque citoyen et la conception d'un cadre institutionnel particulièrement robuste.

La conception d'un cadre institutionnel robuste.

Le principe cardinal d'une Constitution est de garantir la souveraineté du peuple ainsi que la séparation effective et réelle des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire.

Car comme l'énonce la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789,

« toute société dans laquelle la garantie des Droits n'est pas assurée et la séparation des Pouvoirs déterminée, n'a point de Constitution ».

En particulier, la Justice doit jouir, dans les textes et surtout dans les faits, d'une indépendance réelle, ce qui suppose notamment de lui accorder les moyens financiers de fonctionner convenablement.

Autre point essentiel, la Constitution doit impérativement prévoir des organes de contrôle crédibles et indépendants car comme l'affirmait Montesquieu, « il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir ».

Doivent en particulier être définis un Conseil Constitutionnel contrôlant la conformité des lois avec la Constitution, des organes de contrôle des

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