Spéculation, mode d’emploi | Mediapart

Ils
sont les caïds quand les marchés flanchent. Ils occupent le terrain
quand les investisseurs classiques l'ont déserté, échaudés par les yo-yo
brutaux et irrationnels des cours. Ils, ce sont bien évidemment les
spéculateurs, qui ont largement contribué à la très grande instabilité financière des derniers jours. Vendredi, les bourses mondiales ont
repris des couleurs. Mais le répit ne sera peut-être que de courte
durée. Et dès la semaine prochaine, la spéculation pourrait reprendre de
plus belle.

Qui
sont-ils, ces fonds d'investissement (hedge funds) ou ces banques qui se font une spécialité de parier sur la
baisse des actions, de s'enrichir en profitant des moindres écarts de fluctuation des cours, de jouer l'effondrement de la zone euro, la
dégradation de la note de la dette souveraine française ou la faillite de
la Grèce? Difficile de le savoir, car
les transactions sont en grande partie opaques. «On ne
sait jamais qui brutalise le marché, car de nombreuses transactions se
font de gré à gré»
, explique Sofiane Aboura, maître de conférences à l'Université Paris-Dauphine.

Les
gagnants sont sans aucun doute assez peu nombreux. «Quand la
destruction de richesse est globale, vous n'avez quasiment que des
perdants»
, explique Alexandre Barradez, analyste chez Saxo
Banque. Les chiffres sont en effet impressionnants. En trois semaines,
cela a concerné des sommes folles. Selon un calcul de l'agence
Bloomberg, 7000 milliards de dollars sont partis en fumée sur les marchés mondiaux entre le 26 juillet et le 11 août.

Dans
cette planète finance prise de folie, une grande partie des acteurs ont d'abord
cherché à se couvrir. Notamment les investisseurs institutionnels (fonds
souverains de certains Etats, hedge funds, fonds de pension…), qui
collectent et placent en bourse de l'épargne publique ou privée. Dotés
d'une grande force de frappe financière, ils sont, selon des analystes cités par le New York Times, à l'origine d'une grande partie des très importants volumes de
transaction observés ces derniers jours, car ils ont massivement
réorienté leur portefeuille, ce qui a alimenté la baisse des cours.

Si
certains d'entre eux y ont perdu des plumes, comme le fonds de John
Paulson
, qui avait beaucoup gagné pendant la crise de 2008, d'autres ont réalisé des gains importants. Selon le Wall Street Journal, le fonds américain Bridgewater (le plus gros du monde, il gérerait plus de 100 milliards de dollars d'actifs) a gagné 3 milliards de dollars en une semaine, en investissant massivement sur l'or, les bons du Trésor et le franc suisse, valeurs refuge par excellence.

D'autres grands gagnants, les fonds spéculatifs Brevan Howard, Holden ou JAT ont
recouru massivement aux ventes à découvert, une technique destinée à
accumuler les micro-gains au fur et à mesure des évolutions des cours.

via www.mediapart.fr

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