On parlait encore il y a quelques jours de «pavé dans la mare» pour qualifier l’effet éclaboussant de la tribune de Vincent Maraval parue dans le Monde du 29 décembre «Les acteurs français sont trop payés !». Mais la mare n’est pas prête de s’assécher et le choc initial se transforme de jour en jour en lame de fond. La décision de Vladimir Poutine d’accorder par décret la citoyenneté russe à Gérard Depardieu (assortie d’une imposition à 13%, lire page 29) provoque une nouvelle vague de commentaires. 2013 année de la farce, mais qui sont les dindons ? Le fait que Maraval soit sorti de ses gonds pour attirer l’attention du public sur la cupidité de Dany Boon, Daniel Auteuil ou François-Xavier Demaison consistait aussi, il faut le dire, à détourner l’attention de l’encombrant exilé fiscal belge qui devait être la poutre maîtresse du film qu’il essaie de financer sur l’affaire DSK et que veut réaliser Abel Ferrara. La colère de Maraval puise aussi sans doute à une autre source : la grosse bouderie de Benoît Poelvoorde qui joue le banquier suisse assassiné Edouard Stern dans Une histoire d’amour, le premier film de l’actrice et mannequin Hélène Fillières qui sort mercredi et que distribue Wild Bunch, Poelvoorde ayant purement et simplement décidé de ne pas faire de promo suite à des conflits pendant le tournage avec la réalisatrice. Voilà pour un éventuel fond de sauce perso avant la grande implication de l’insider en faveur de l’intérêt général d’un secteur qu’il dit à la dérive.Un Jeu vicelard. En coulisse, tout le monde s’agite et bruisse d’anecdotes sur l’exaspération grandissante provoquée par une aristocratie des castings qui a perdu depuis trop longtemps le sens des réalités. La notoriété naissante d’un jeune acteur ou d’une jeune actrice permet aux agents de négocier les contrats à partir de 100 000 euros, le double de ce qui se pratiquait il y a dix ans. Pour les vedettes plus célèbres, on parle de sommes attaquant d’entrée de jeu à 300 000 euros pour un premier rôle. Mais ce n’est pas tout. «Les acteurs se connaissent, ils s’appellent et échangent leurs informations, nous dit sous couvert d’anonymat un professionnel. Ils font des comparatifs entre les avantages obtenus sur un film par tel collègue, et mettent la pression sur leur agent pour qu’il obtienne la même chose, en le menaçant de passer dans une boîte concurrente faute de résultat.»
Car le cachet ne suffit pas, il y a les cars-loges, le plus grand possible, avec frigo toujours plein – Vincent Cassel a la réputation de veiller contractuellement au grain pour préserver son privilège du plus grand car-loge de France sur chaque tournage ; il y a aussi le 4 × 4 de location, réclamé par une star bankable pour ne pas avoir à «user» le sien pendant son travail ; les défraiements pour les repas (jusqu’à 200 euros par jour), les gardes d’enfants payés par la prod pour que l’actrice n’ait pas à se soucier des problèmes domestiques pendant qu’elle donne le meilleur d’elle-même devant la caméra. Ou la taille des suites dans les palaces tandis que le gros de l’équipe s’entasse à l’Ibis du coin…
Et ce n’est pas tout
S’abonner
Connexion
0 Commentaires
Le plus ancien