Sous l’austérité, l’injustice et les mensonges | Mediapart

On
l'a vu, c'est l'argument massue du gouvernement : puisque la croissance
fléchit et compromet les engagements de la France en matière de réduction de
déficits publics (3% du PIB en en 2013), il faut prendre des mesures immédiates de
correction.

Mais
c'est une imposture, pour de nombreuses raisons. D'abord, il faut bien admettre
que quand il s'agit de socialiser les pertes et de privatiser les profits, le
gouvernement se moque comme de sa dernière chemise des déficits. Dans ce
cas-là, il jette l'argent par les fenêtres, en veux-tu, en voilà. A preuve,
pour sauver la banque franco-belge Dexia, produit d'une sulfureuse et
calamiteuse privatisation, la Belgique et la France – qui selon François Fillon
est au bord de la banqueroute – ont mis sur la table, en moins de temps qu'il ne
faut pour le dire, la somme de 10 milliards d'euros en cash. Soit plus que le
nouveau plan d'austérité dont on parle aujourd'hui. Sans parler de 90 milliards
de prêts pourris qui ont été pris en garantie…

On
touche ici du doigt l'injustice scandaleuse du plan : les banques, dont
Dexia, qui ont alimenté de folles spéculations depuis 2007, ont toujours
bénéficié de la plus totale sollicitude du gouvernement ; et aujourd'hui,
ce sont pour l'essentiel les salariés qui sont invités à payer les pots cassés. De la manière la plus grossière et caricaturale qui soit: peut-être même sous la forme d'une journée de servage…

Autre preuve que l'argument du fléchissement de la croissance est une
imposture : le gouvernement dispose de très nombreux moyens pour faire entrer de l'argent dans les caisses de l'Etat, sans mettre les Français au
piquet. L'exemple de l'Allemagne l'atteste : dans le courant du mois
d'août, elle a en effet conclu un accord avec la Suisse au terme duquel elle va
recevoir environ 20 milliards d'euros en dédommagement de l'évasion fiscale
dont elle a pâti. Cet accord entre Berlin et Berne autorise les contribuables
allemands à placer leur fortune en Suisse, à condition qu'ils versent une taxe
de 26,375% sur leurs rendements en capitaux. Ce montant sera prélevé à la
source puis reversé au fisc allemand, afin de garantir l'anonymat de la
procédure. Il s'agit donc d'un système de prélèvement libératoire.

La France, elle, refuse le principe d'un tel accord. Avec un argument
qui est honorable : on ne transige pas avec la fraude fiscale. Fort
bien ! Mais le scandaleux paradoxe, c'est que la lutte contre l'évasion
fiscale – dont quelques-uns des grands financiers de l'UMP ont été les
champions, des Bettencourt aux Wildenstein – n'a pourtant pas avancé d'un pouce.

En clair, si la France était vraiment en difficulté financière – ce qui
n'est pas le cas, nous allons le voir –, il y aurait de nombreuses pistes
possibles à explorer avant d'annoncer une nouvelle punition sociale.

via www.mediapart.fr

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