Réserve parlementaire: la République est bonne fille avec ses églises – Page 1 | Mediapart

Que des collectivités mettent au pot pour financer la rénovation des bâtiments catholiques n'est, en soi, pas surprenant. Depuis 1905 et la loi de séparation de l'Église et de l'État, « la République française est à la tête d'un patrimoine considérable de 35 000 églises et cathédrales » construites avant 1905, rappelle le philosophe Henri Pena-Ruiz. Ce patrimoine, parfois classé à l'inventaire des monuments historiques, l'État est chargé de l'entretenir. « En tant que bailleur il doit financer la structure fixe des bâtiments, leur rénovation, leur toiture, etc. Rénover les églises n'est pas un acte exceptionnel : pour l'État propriétaire, c'est comme rénover un pont. » En revanche, l'État ne peut financer des édifices religieux construits après 1905. 

Pour les communes propriétaires de ces vieilles pierres, la charge financière est parfois très lourde. Une partie du monde catholique estime d'ailleurs que l'investissement de l'État dans les bâtiments paroissiaux n'est jamais suffisant (et l'extrême droite mobilise volontiers contre la « disparition de nos clochers »).

Bien souvent, les projets financés par les députés et sénateurs consistent à refaire la toiture d'une église, ripoliner le parvis, restaurer les maçonneries, mettre l'électricité aux normes ou réparer des vitraux. Dans quelques cas, le bâtiment s'avère dangereux et sa « mise en sécurité » nécessite des travaux urgents.

Mais ce financement via la réserve parlementaire, cette manne financière que les parlementaires dépensent comme bon leur semble sans en rendre compte, intrigue les spécialistes de la laïcité interrogés par Mediapart : alors que cette pratique semble courante, ils n'en connaissaient pas l'existence. « C'est un financement par la bande, caché : un tel secret est anormal », juge l'historien de la laïcité Jean Baubérot. « Quand les choses ne sont pas claires, il y a toujours à craindre et à suspecter », s'inquiète aussi Henri Pena-Ruiz. Qui pointe les risques de « clientélisme ».

De fait, alors que la droite alors au pouvoir s'est attribué en 2011 la plus grosse partie des 150 millions de la réserve parlementaire (lire nos précédents articles, ici et ), difficile de ne pas établir de lien entre financement d'édifices religieux et volonté de flatter l'électorat catholique.

L'église de Thorens-GlièresL'église de Thorens-Glières© DR

Ainsi, le président de l'Assemblée nationale Bernard Accoyer, à la tête d'un magot de 12 millions d'euros de réserve parlementaire, a financé en 2011 pas moins de dix-huit projets de rénovation d'églises et d'abbayes partout en France. Soit un chèque de 310 000 euros au total, pour cette seule année. Un tiers de l'enveloppe, 100 000 euros, a été consacré à la restauration de la toiture et du clocher de l'église de Thorens-Glières (photo), un édifice catholique de sa circonscription en Haute-Savoie.

À la tête d'une très confortable réserve de 730 000 euros, le député UMP de la Drôme Hervé Mariton, qui s'est illustré récemment par son opposition au mariage pou

via www.mediapart.fr

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