Les Roms. Les retraites. Les
biens mal acquis. A priori rapprochés uniquement par les hasards
du calendrier, ces trois dossiers sont bien plus liés qu’ils ne le
paraissent à première vue. Chacun apporte une nouvelle illustration
de ce que le sarkozysme est une idéologie en faillite, comme le modèle
de développement qu’il prétend promouvoir.Les Roms, d’abord. Le Président
de la République a beau prétendre le contraire, il ne sort pas grandi
de son bras de fer avec les institutions européennes. Parce que sa
politique à l’égard de cette partie de la population est bel et
bien honteuse et discriminatoire ; et parce que le discours ambiant qui
l’englobe, celui sur les « Français d’origine étrangère » et
leurs tares supposées, est contraire à l’idée même de vivre ensemble
et aux principes qui fondent l’Union européenne. Que la Commission
européenne se soit jusque-là abstenue de déclencher une procédure
contre la France suite à l’engagement de celle-ci de modifier sa
législation, ce qui ne préjuge absolument pas de ce qu'il adviendra
ensuite et prouve bien qu’il y a un problème, n’y change absolument
rien. La Commissaire Reding a d'ailleurs rappelé récemment qu'elle
restait particulièrement vigilante.Les retraites, ensuite. Celles-ci
sont désormais « réformées », en dépit de l’opposition massive
des citoyens à ces mesures. Alors qu’il s’agissait d’opérer
de véritables choix de société, qui engageront le pays pour de très
nombreuses années et ses habitants pour le reste de leurs vies, aucune
place n’a été laissée au débat ni à la négociation. Pour peu
qu’on fasse remarquer à M. Sarkozy que ses décisions sont synonymes
d’un renforcement de l’injustice sociale, puisqu’elles ne frapperont
pas les catégories les plus aisées, qu'elles mettront les catégories
plus faibles encore plus sous pression et qu'elles toucheront beaucoup
plus les femmes que les hommes, il balaie ces observations d’un revers
de main et impose tout de même selon son bon plaisir.Quant à l’affaire des
« biens mal acquis », à propos de laquelle la Cour de Cassation vient
de rendre une décision retentissante, elle démontre à quel point
certaines paroles prononcées un soir, place de la Concorde, avaient
peu de valeur. Loin de mettre fin à la Françafrique et de faciliter
la lutte contre les dictatures et contre l’accaparement des ressources
des pays du sud, M. Sarkozy a contribué à les renforcer. Alors que
des dispositifs auraient pu être introduits dans la législation française
pour faciliter la poursuite de Chefs d’Etats étrangers soupçonnés
de corruption et de détournements de fonds massifs, rien n’a été
fait jusque-là. Alors que le parquet de Paris aurait pu, sur la base
du travail réalisé par la police et certaines ONG, ouvrir une véritable
enquête sur l’origine de la richesse des familles Obiang, Bongo et
Nguesso, il n’a eu de cesse de s’y opposer. Il a fallu que ce soit
la plus haute juridiction du pays qui tranche, hier, en faveur de l'ouverture
d'une instruction. Une décision dont tous ceux qui s'attachent à la
poursuite de la vérité et d'une plus grande justice ne peuvent que
se réjouir ! C'est un très grand progrès que la Cour de Cassation,
les associations à l'origine de cette affaire et leurs avocats viennent
de rendre possible. Qu'ils aient dû agir contre la volonté de l'exécutif
est de l'ordre de l'insupportable.La société rêvée de
M. Sarkozy n’est ni humaniste, ni inclusive ; elle est clivée autant
qu’elle est clivante. Sa politique est oublieuse de l’intérêt
général et de la parole donnée. Elle ignore toute modestie et n’est
que dogmatisme et passage en force. Quel dommage que M. Sarkozy
lise beaucoup moins Albert Camus qu’il n'en cite le nom ! Il saurait
dans le cas contraire que le démocrate est par essence «celui
qui admet qu’un adversaire peut avoir ra
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