Réchauffement climatique: c’est bien l’homme et c’est encore plus grave – Page 1 | Mediapart

Comparé au précédent rapport paru en 2007, ce document met nettement plus l’accent sur la responsabilité humaine dans le changement climatique. « Depuis 1950, on a observé des changements dans tout le système climatique : l’atmosphère et l’océan se sont réchauffés, l’extension et le volume de la neige et de la glace ont diminué et le niveau des mers a monté, écrivent les experts. La plupart de ces changements sont inhabituels ou sans précédent à l’échelle de décennies ou de millénaires. »  Il pronostique aussi une élévation plus importante du niveau d’eau des océans, qui ne dépassait pas 0,59 mètre dans l’estimation de 2007. L’écart  est dû à une meilleure prise en compte de la fonte des calottes claciaires du Groenland et de l’Antarctique, dont l’observation a fait de très gros progrès depuis quelques années.

Le rapport confirme un point qui peut sembler paradoxal : le rythme du réchauffement s’est légèrement ralenti pendant les 15 dernières années (même si le climat continue de se réchauffer). La température moyenne de surface a augmenté de près d’un degré (0,89 °C) entre 1901 et 2012. Mais alors que la hausse moyenne de 1951 à 2012 a été de 0,12°C par décennie, elle n’est que de 0,05 ° C par décennie depuis 1998. Ce ralentissement ou « hiatus » du réchauffement a été exploité par les climato-sceptiques pour nier la réalité du phénomène, mais il peut s’expliquer par le rôle des océans. Ceux-ci absorbent une partie de la chaleur en excès, car il se produit des échanges thermiques entre les couches supérieures de l’océan et les eaux plus profondes.

Du fait du hiatus du réchauffement, les experts considèrent qu’une augmentation de température moyenne ne dépassant pas 1,5° C est possible, alors que le rapport 2007 jugeait très peu plausible une hausse inférieure à 2°C. Les scientifques ne sont pas encore unanimes sur le mécanisme précis qui explique le hiatus. Un article paru ces jours-ci dans la revue Nature l’attribue au refroidissement de la température de surface du Pacifique équatorial. Le phénomène La Niña, dû à un renforcement des alizés, se traduit par une remontée d’eau froide en surface dans le Pacifique tropical. Ce phénomène se produit en alternance avec El Niño, qui produit l’effet inverse, le tout sur un rythme approximativement décennal.

Le refroidissement entraîné par La Niña expliquerait le hiatus du réchauffement, selon les auteurs de l’article qui est paru trop tard pour être inclus dans le rapport du Giec.

« Dans la période de réchauffement accéléré de 1970 à 1990, la variabilité du Pacifique tropical expliquait 25% du réchauffement total », explique Yu Kosaka, de la Scripps Institution of Oceanography (université de Californie, San Diego), co-auteur de l’article de Nature. Lorsque le cycle va s’inverser, d’ici quelques années, le réchauffement devrait à nouveau s’accélérer.

« La température de surface est un indicateur utile, mais partiel, explique Valérie Masson-Delmotte, climatologue au CEA. Il faut savoir que 93% de l’excès de chaleur dû à l’effet de serre sont stockés dans les océans ; 3% sont retenus par les sols, 3% sont absorbés par la fonte des glace, et 1% va dans l’atmosphère. Par conséquent, ce n’est pas parce que le réchauffement ralentit en surface qu’il est en train de s’arrêter. » 

Dans tous les cas de figure, la température de la planète va continuer d’augmenter : comme les gaz à effet de serre retiennent une partie des rayons du soleil réfléchis par la Terre et les renvoient vers le sol, la planète accumule plus d’énergie qu’elle n’en émet vers l’espace. La concentration de CO2 dans l’atmosphère a augmenté de 40% depuis le début de l’ère industrielle, passant de 278 ppm (parties pour million

via www.mediapart.fr

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