Bien qu’inodores et invisibles, les radiations nucléaires peuvent avoir de graves conséquences sur la santé humaine, voire entraîner la mort au bout de quelques heures. Leur impact dépend de la dose reçue, de l’endroit irradié, de l’étendue de la zone concernée, ainsi que d’autres facteurs, comme l’âge de la personne exposée. Explications.
Comment la radioactivité agit-elle sur l’organisme ? Les particules radioactives irradient la peau ou les yeux (irradiation externe) ou se fixent à l’intérieur du corps, via l’inhalation, le passage au travers de la peau ou l’ingestion d’aliments et d’eau (contamination interne). Les rayonnements peuvent alors altérer la molécule d’ADN et/ou entraîner la mort des cellules quand la dose est forte.
Comment la radiation est-elle mesurée ? Le sievert (Sv) est l’unité mesurant la dose de radiation absorbée par les tissus humains, 1 sievert correspondant à 1 000 millisieverts (mSv). En France, l’exposition moyenne aux rayonnements ionisants est de 3,7 mSv par personne et par an, dont 2,4 dus à la radioactivité naturelle (radon, rayons cosmiques…), 1,3 aux diagnostics médicaux (radiothérapie, scanners) et 0,03 aux activités industrielles. En cas d’accident nucléaire, l’irradiation des personnes au contact du réacteur peut atteindre plusieurs sieverts (6 Sv dans le cas des ouvriers de Tchernobyl morts dans le mois suivant la catastrophe). Hier, à Fukushima, des doses de 30 à 400 mSv auraient été mesurées près des réacteurs.
Ce qui se passe en cas de forte irradiation…
Sans traitement, la mort est certaine après une exposition à 6 Sv sur le corps entier. Entre 4 et 4,5 Sv, la moitié des personnes meurt. Les radiations causent des brûlures de la peau, détruisent le système nerveux central, les cellules de la moelle osseuse (qui «fabrique» les globules blancs, les globules rouges et les plaquettes) et celles de la paroi digestive. Le système immunitaire s’effondre. Au-delà de 1 Sv, les premiers symptômes sont des nausées, des vomissements, suivis, après quelques jours, de diarrhées ou d’hémorragies. Tous ces effets sont principalement liés à la mort cellulaire.
… et en cas d’irradiation «moyenne». Les cellules touchées ne le sont pas assez pour mourir ; elles survivent avec des altérations sur l’ADN. Les dégâts sur l’ADN peuvent entraîner le développement de cancers, qui se déclarent quelques années ou décennies après l’exposition. Après Tchernobyl, on a vu apparaître des cancers de la thyroïde chez les enfants exposés au bout de cinq ans. Les cancers du sang, comme les leucémies, se déclarent aussi au bout de quelques années. Ceux du poumon ou de la peau peuvent survenir au bout de vingt à quarante ans. «De 0,3 à 2 sieverts, les risques sont aléatoires, explique Sylvie Chevillard, directrice du laboratoire de cancérologie expérimentale au Commissariat à l’énergie atomique. Plus la dose est élevée, plus le risque de développer un cancer est grand, mais il n’est pas certain.» Quant au risque héréditaire, via une altération des spermatozoïdes ou des ovocytes, «pour le moment, il n’a pas été mis en évidence», ajoute-t-elle.
L’impact des faibles doses fait débat. Sous les 0,3 Sv, les scientifiques ont du mal à objectiver la réponse de l’organisme. Au-delà du risque de cancer, l’exposition à des faibles doses de radioactivité pourrait être à l’origine de cataractes, d’atteintes du système cardiovasculaire, voire du système nerveux central. «On est capables d’observer des effets dès 10 mSv, indique Sylvie Chevillard. La reprogrammation de l’expression des gènes montre que la cellule a compris qu’il y a un stress. Mais cela ne veut pas dire qu’il y a des risques de cancer des années après.»
Nous ne sommes pas tous égaux devant les radiations moyennes ou
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