Ce gouvernement est en train de commettre un attentat contre l'école, cette école qui fut ainsi définie voici plus de deux siècles : « L'instruction publique est un devoir de la société à l'égard des citoyens. » Puis encore : « Cette obligation consiste à ne laisser subsister aucune inégalité qui entraîne de dépendance. »
Dynamiter l'idée d'une école de justice
On aura reconnu la première phrase des « Cinq mémoires sur l'instruction publique » (PDF) de Condorcet, suivie de sa conséquence impérative. L'école est ici posée comme obligation de la société à l'égard des citoyens et non l'inverse. En conséquence de quoi sont dessinés un horizon et une démarche de lutte permanente contre « l'inégalité qui entraîne la dépendance ».
L'attentat qui se prépare a pour objectif de dynamiter l'idée même d'une école de justice et, les décombres dégagés, de bâtir à sa place l'entreprise dont rêvent depuis si longtemps les conservateurs, celles et ceux qui souhaitent préserver les structures sociales actuelles fondées sur le postulat de l'inégalité essentielle, constitutive de l'humanité et, en cela, indépassable.
Ces conservateurs sont ceux que Jean-Fabien Spitz, dans un remarquable article de La Vie des idées, caractérise comme les adeptes du « raisonnement classique de la droite qui dit que la tâche de l'Etat est de défendre la liberté et que, dans la mesure où la pauvreté n'est pas une forme de non-liberté, il ne lui appartient pas de la réduire ou de lutter contre elle ».
C'est à partir de cette inégalité posée comme naturelle que se déploie le cynisme conservateur qui n'a même plus alors à nier l'injustice puisque celle-ci, en tant qu'elle provient d'une inéluctabilité, ne peut être injuste.
Le programme Clair, une arme de destruction de l'école
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