Qu’allons-nous faire des animaux ? – Bibliobs avec Le Nouvel Observateur

Le Nouvel Observateur Comment interprétez-vous l'impressionnante activité éditoriale actuelle (livres, revues, articles, films) autour de la question animale ?

Elisabeth de Fontenay C'est sûrement une avancée. Mais c'est aussi une question un peu trop à la mode, et je vois parfois dans cet intérêt envahissant pour les animaux undéni de l'histoire et une manière d'échapper au politique.

Akira Mizubayashi Cette tendance est, me semble-t-il, plutôt anglosaxonne…

E. de Fontenay Tout à fait. Et j'ai des réticences vis-à-vis de ce qu'on appelle la deep ecology, et qui consiste à voir toutes choses du point de vue de la nature et surtout de l'animal. Il y a, chez certains auteurs, une espèce de radicalité qui les rend un peu étrangers à la société et à l'histoire des hommes. Les Anglo-Saxons forgent un droit des animaux en le faisant dériver d'un constat de plus en plus indiscutable, celui de l'animal comme individu souffrant et conscient. Mais je ne pense pas pour ma part qu'on puisse sans médiations et précautions déduire le registre des droits du registre des faits.

25 04 13 ElisabethDeFontenayAkiraMizubayashi BrunoCoutierLeNouvelObservateur

ELISABETH DE FONTENAY est maître de conférences émérite de philosophie à l'université Paris-I, auteur du «Silence des bêtes» (1998) et de «Sans offenser le genre humain. Réflexions sur la cause animale» (2008). AKIRA MIZUBAYASHI enseigne au département d'études françaises à l'université de Tokyo. Il est l'auteur d'«Une langue venue d'ailleurs» (2011). (©Bruno Coutier pour "le N.O.")

Akira Mizubayashi, à la fin de «Mélodie», vous faites le lien entre la mort de votre chienne et la catastrophe de Fukushima. Pour quelle raison?

A. Mizubayashi Mélodie est le premier et le seul animal que j'aie connu de près. Ma vie avec cette chienne a duré douze ans. Cette expérience de proximité avec un animal m'a conduit peu à peu à ouvrir des livres, dont celui d'Elisabeth, et d'autres, comme «l'Animal que donc je suis» de Jacques Derrida. «Mélodie» retrace, d'une certaine manière, cet élargissement progressif de l'horizon. Et Fukushima est arrivé un an et quelques mois après la mort de Mélodie. J'ai vu des photos d'animau

via bibliobs.nouvelobs.com

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