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Que l’on veuille bien en effet dresser le bilan de cette première année d’exercice du pouvoir socialiste– on en commémorera bientôt l'anniversaire : à l’instant même de leur victoire électorale, les socialistes ont rendu les armes. M’inspirant des travaux de l’historien March Bloch, et de son célèbre ouvrage L’étrange défaite, c’est le constat méticuleux que je dresse dans mon essai L’étrange Capitulation (éditions Gawsewitch).

Dans le passé, en 1936 comme en 1981 ou plus récemment en 1997, la gauche s’est parfois reniée ou s’est montrée impuissante. Mais avant cela, avant la « pause sociale » version 1937 ou le « tournant de la rigueur » version 1982-1983, il y a toujours eu une période, plus ou moins longue, où elle a honoré ses engagements. Une période d’énergie, voire d’enthousiasme sinon de rêve, où elle a engagé de grandes réformes. Une période, même brève, où elle a renoué avec son idéal de transformation sociale. Où elle a essayé de changer sinon la vie du moins, plus modestement, la société.

Or, cette fois, rien de tel. Pas d’enthousiasme ! Encore moins de rêve ! Dès le premier jour, cela a été un rouleau compresseur de mesures libérales ; un reniement sans fin de promesses, d’accommodements avec la droite ou les milieux patronaux. Faut-il en dresser, encore une fois ici, le désespérant inventaire ? Il y a eu le « choc de compétitivité » qui a offert 20 milliards d’euros aux entreprises sans la moindre contrepartie et qui va permettre à quelques groupes du CAC 40 de gonfler encore un peu plus les dividendes qu’ils servent à leurs actionnaires ; il y a eu la réforme du marché du travail, qui va conduire à la remise en cause de pans entiers du Code du travail et notamment du droit du licenciement, lequel droit ne protège pas des licenciements mais garantit des recours contre l'arbitraire ;  il y a eu l’abandon de la « révolution fiscale » promise qui, par le biais d’une fusion de l’impôt sur le revenu et de la Contribution sociale généralisée, devait mettre fin à de scandaleuses injustices fiscale et rendre notre système de prélèvement enfin progressif : pis que cela, il y a même eu, en lieu et place de cette réforme, l’annonce d’une hausse de la TVA, l’impôt le plus injuste du système fiscal français, qui pèse plus sur les bas revenus que sur les hauts ; il y a eu encore la trahison de la promesse faite aux ouvriers de Florange ; il y a eu enfin la célèbre promesse de François Hollande de faire la guerre à la finance qui a débouché sur une véritable pantalonnade : une loi bancaire n’organisant qu’une partition microscopique entre les activités commerciales et les activités spéculatives.

via www.mediapart.fr

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