Précarité : les instituts de sondage plébiscitent le modèle allemand – Basta !

Adeline, Fanny, Martine et Jérémy [1] travaillent tous les quatre comme enquêteurs téléphoniques pour Ipsos, l’institut de sondage « leader des études par enquêtes sur le marché français ». Ce sont des Français délocalisés : ils travaillent depuis Berlin, la capitale allemande. Leur tâche : interroger depuis un centre d’appel des particuliers pour des sondages, des études de marché ou des enquêtes clientèles. Ils appellent en fin de journée dans des foyers français, suisses et belges. Et sont payés par Ipsos. Enfin presque. C’est sa filiale allemande, Ipsos GmbH, qui les emploie. Enfin pas tout à fait. Puisqu’ils ne sont pas salariés, mais travailleurs indépendants, rémunérés sur facture.

« C’est complètement artificiel. Nous sommes censés être travailleurs indépendants, mais ce sont eux qui fixent les tarifs. C’est à nous de faire des factures mais ils nous disent quelle somme inscrire dessus », rapporte Jérémie. « La seule chose qui fait que nous sommes travailleurs indépendants, c’est qu’Ipsos ne nous paient pas de cotisations pour la sécurité sociale, pas de cotisations retraites, pas de congés payés. Pour tout ça, c’est zéro. »

Vacataires, travailleurs indépendants… la précarité sans frontières

Ipsos est le premier institut de sondages d’opinion et d’études de marché en France, le troisième au niveau mondial, avec un chiffre d’affaire global de plus de 1,7 milliard d’euros en 2013. Ipsos SA dispose d’une filiale en Allemagne depuis 1993. Elle appartient à 100 % à la société mère. Elle en partage le nom et le logo. La filiale allemande n’est toutefois pas connue outre-Rhin pour ses sondages politiques comme Ipsos l’est en France. Elle y réalise essentiellement des études de marché. Et se place parmi les quatre premiers acteurs du secteur dans le pays. La filiale regroupe elle-même plusieurs entreprises selon leurs champs d’activité, dont Trend Test, la plateforme d’enquête téléphonique basée à Berlin. Trend Test fait travailler des enquêteurs de langue étrangère depuis 2002. Ils sont aujourd’hui 400, dont environ 100 français, selon les chiffres fournis par Ipsos Allemagne. Il n’y travaillent pas tous en même temps et le turn over est élevé [2].

En France, Ipsos emploie ponctuellement un millier d’enquêteurs environ, sur 220 postes téléphoniques répartis dans trois sites [3]. Dans l’Hexagone, les enquêteurs des instituts de sondages sont des salariés vacataires, embauchés sous forme de CDD d’usage qui peuvent ne durer que quelques heures et se multiplier dans le temps. « A Ipsos, 99% des enquêteurs sont vacataires, indique Emmanuelle Lavignac, délégué CGT d’Ipsos France. Et la vérité, c’est que la plupart des enquêteurs sont en parallèle inscrits au chômage. Ils travaillent par exemple 80 heures par mois, et les allocations chômage remplissent le trou. »

Aucune cotisation patronale à payer

Certains travaillent en contrats de « Chargé d’enquêtes intermittents à garantie annuelle », dits Ceiga, qui garantissent qu’une partie du travail doit leur être réservée. « Mais il ne s’agit pas d’un vrai CDI, et les enquêteurs en contrat Ceiga ne bénéficient pas des Assedic », précise Valérie Baggiani, de la fédération CGT des instituts de sondages. « En plus, la majorité des sal

via www.bastamag.net

0 0 votes
Évaluation de l'article
S’abonner
Notification pour
guest
0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Translate »
0
Nous aimerions avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x